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rmLePeupleLa tradition de l’uniforme scolaire serait apparue au 16ème siècle en Angleterre dans les écoles de type caritatif, pour se répandre dans de nombreux pays via l’empire colonial.  Aujourd’hui, hormis certains pays d’Asie et d’Amérique du sud, le port de l’uniforme a tendance à disparaître dans les écoles publiques et reste l’apanage des écoles privées, signe d’une forme d’élitisme.

La question de l’uniforme n’est donc pas nouvelle et a été inscrite à la campagne présidentielle française en 2017 par Marine Le Pen qui y voyait le moyen permettant de lutter en faveur de la laïcité. En effet, l’uniforme permet de masquer les signes vestimentaires d’appartenance religieuse.  Je me permets de soupçonner la même intention chez les postulants et j’ai la fâcheuse impression que l’initiative « tête nue dans les écoles » qui est sortie par la porte semble revenir par la fenêtre.
 
Les postulants mettent en avant le souci d’effacer les inégalités sociales. L’intention est louable. Toutefois pour atteindre ce but, il faut s’attaquer aux racines de ces inégalités en promouvant et en favorisant le soutien aux familles. Par exemple par une augmentation des allocations familiales, des bourses d’étude ou en plafonnant les primes d’assurance maladie à 10% du revenu des ménages.

Une diminution des clivages et des jalousies est un autre élément censé justifier l’introduction d’uniformes d’écoliers.  De nombreux experts, pédopsychiatres et sociologues s’opposent au port de l’uniforme. Pour eux, cela viendrait à montrer du doigt les diversités comme de véritables dangers. J’abonde dans leur sens lorsqu’ils affirment qu’uniformiser les jeunes va à l’encontre du respect d’autrui et en habituant les jeunes à accepter un moule, l'uniforme devient un puissant vecteur du conformisme social. L’acceptation de la différence est un élément essentiel dans la préparation à la vie postscolaire.  L’uniforme n’inculque pas non plus une valeur de tolérance, car les enfants sont censés respecter quiconque de n’importe quelle façon qu’il soit vêtu.

Ainsi que le mentionne le sociologue Alain Touraine, « L’école tournée vers l’école n’est tournée ni vers l’enfant, ni vers la Nation ; elle devient un monde ayant de moins en moins de repères par rapport au monde extérieur. Tout ce qui en fait un monde isolé, séparé, protégé me semble néfaste. La grande affaire aujourd’hui, c’est au contraire d’intégrer les enfants venus du dehors sans rompre leur histoire personnelle. Au lieu de leur imposer un uniforme, je voudrais qu’on leur apprenne, ainsi qu’aux enseignants, l’importance et la beauté du multiculturalisme, de la communication entre les cultures. »

En conclusion, l’uniforme, je veux bien pour les soldats qui paradent lors de la Fête-Dieu, mais de grâce, faites confiance aux enseignants et aux parents et laissez à ces derniers le choix de l’habillement pour leurs enfants. 

Robert Métrailler - député Centre Gauche - PCS