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MadelineHeinigerLePeupleLu l’article de Marie Parvex dans Le Temps du 14 novembre : Oskar Freysinger veut renommer la Semaine contre le racisme. L’ordre a été donné au Service de la population et des migrations de la renommer « Semaine pour l’intégration ». Parce que « pour » cest plus joli que « contre ». En piétinant le fait que cette semaine est liée à la Journée mondiale contre le racisme, le 21 mars. Mais cela est cohérent avec le message martelé par O. Freysinger: nous sommes un peuple souverain et ce qui vient des instances européennes ou internationales, nous n'en avons rien à foutre...

Ce changement de nom, dont les délégué-es à l’intégration ne veulent pas, n’est pas anodin. ll pose le débat présent dans les sociétés occidentales : d’un côté la volonté des milieux populistes ou des acteurs d’extrême droite de protéger l’espace culturel et identitaire de l'Etat d’accueil, pour qui la migration représente une menace. De l’autre, la position des acteurs de solidarité qui veulent à la fois favoriser l’intégration des migrants et lutter contre les discriminations sociales, raciales ou religieuses.

En partant du point de vue que nous sommes pour l’intégration, nous n'avons encore rien dit. Car que recouvre ce terme d'intégration ? En Suisse, les normes et les lois dressent une série d’obstacles qui limitent la parole des migrants et l’accès à la citoyenneté. La conception suisse n’accepte pas le pluralisme culturel et demande aux migrants de s’assimiler aux us et coutumes nationaux. Il est évident que l’UDC et les tenants d'une droite dure travaillent à durcir encore les obstacles et qu’on pourrait en déduire qu’ils sont davantage contre l’intégration et pour une assimilation effaçant toute diversité culturelle ou religieuse.

Maintenir l’expression de « Semaine contre le racisme », c’est accepter de pointer du doigt de graves dérives : l'exclusion et la discrimination raciales. Or qu’en est-il dix ans après l’acceptation d'une norme pénale contre le racisme par presque 55% du peuple suisse? Voici la réponse de Boël Sambuc, vice-présidente de la commission fédérale contre le racisme, interrogée par Amnesty : « De manière générale, ce qui a très clairement changé, c'est le durcissement politique, la contamination du discours xénophobe, voire raciste, dans une bonne partie du discours politique. Ce nest pas le monopole d'un parti ! On assiste à une « brutalisation » des rapports politiques, des discours et du langage. »

En Valais, les exemples ne manquent pas. Il y a là amplement de quoi justifier le fait que oui, nous sommes pour la Semaine contre le racisme.

Madeline Heiniger
Députée