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msLePeupleCette année, chacun le sait, nous fêtons l'entrée de notre canton dans la Confédération. Mais 1815, c'est aussi l'occasion de se remémorer un autre événement important pour notre canton. En effet, le 10 avril 1815, le volcan Tambora explosait en Indonésie. On dit de cette éruption qu’elle fut la plus meurtrière de notre histoire, d'une puissance dix mille fois supérieure aux bombes d'Hiroshima et de Nagasaki réunies. Les cendres expulsées dans la stratosphère voilèrent le ciel, entraînant une baisse des températures qui réduisit les récoltes sur l'ensemble de l'hémisphère nord jusqu’à la fin de l'année 1816. Dans les régions alpines d'Europe, cette catastrophe provoqua une famine qui fit plus de 200'000 morts, contraignant un grand nombre de Valaisannes et de Valaisans à un exil forcé. Ce fut le début de la migration valaisanne vers le continent américain et qui se poursuivit tout au long du XIXe.

L’année 1815 marque ainsi cette époque où une partie de nos ancêtres ont dû quitter leurs familles et leurs amis pour prendre la mer dans l’espoir d'un avenir meilleur. Ils l'ont fait dans des conditions très difficiles et souvent au péril de leur vie. En effet, à défaut de pouvoir se payer la première classe, il n'y avait souvent que le pont des navires pour les accueillir. Dans une vision romantique, on dira que c'était le temps des pionniers partis cultiver des terres en friche sur un continent lointain et participer ainsi à la modernisation de ces pays. Mais cette vision romantique ne doit pas masquer que c’est surtout la pauvreté endémique et le manque d'avenir ici qui les ont poussés sur ces bateaux. A cette époque, le Valais a aussi produit son lot de réfugiés économiques.

Mais certains de nos concitoyens ont oublié ce Valais qui ressemblait plus au Tiers-Monde de l'Europe qu'à un havre de paix pour forfaitaires fiscaux. Alors ils se permettent aujourd’hui d'exprimer publiquement leur mépris pour ces vies humaines qui viennent s'échouer sur les rives de la Méditerranée. Bien que ce soient des hommes, des femmes et des enfants dont on parle, certains nient leur droit à l'exil et vont parfois jusqu'à souhaiter leur mort. Evidemment, cette animosité est encouragée par certains élus UDC qui y voient l’occasion de plaire à une partie de leur électorat. Mais ces réfugiés sont-ils si différents de ceux qui ont quitté le Valais il y a deux siècles? Clairement non. Alors je me dis qu'au lieu d'apprendre l'hymne cantonal à nos enfants, peut-être faudrait-il commencer par leur apprendre notre histoire!

Michaël Siggen
Politologue, candidat au Conseil National