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RaymondBorgeatLePeupleJe n’ai jamais autant espéré me tromper ! Au moment d’écrire ces lignes, je suis convaincu que le budget 2015 aura été accepté par le Grand Conseil, au prix d’âpres négociations qui manquent cruellement de vision d’avenir.

En actionnant, pour la première fois, le tristement célèbre double frein aux dépenses et investissements, le Conseil d’Etat propose sagement de modifier, malgré tout, les règles de sa mise en vigueur. Il prévoit l’absorption des déficits non pas sur une seule, mais sur trois années. Le Grand Conseil n’a clairement pas l’intention de supprimer ce fameux frein. Il a même une vision tellement étriquée de la politique et des finances, qu’il considère qu’il ne faut pas que les décisions prises durant cette législature aient des répercussions sur la suivante : les amortissements auront donc lieu sur 3 ans, pour les comptes 2013, sur 2 ans pour les comptes 2014. Avec cette stratégie à œillères, les hypothétiques déficits des comptes 2015 devront être amortis sur une seule année ! Il en résulte que le budget 2017, le dernier de cette législature, devra éponger pratiquement le double du déficit de l’année précédente ! Après la stratégie des baisses fiscales qui affaiblit l’Etat, le Grand Conseil applique la concentration des amortissements des déficits ! Qui ose encore parler de politique anticyclique ?

Il semble qu’un trop grand nombre de politiciens fassent une confiance aveugle aux différentes études des structures et tâches (ETS 1, ETS 1 bis, ETS 2, en j’en passe !). L’objectif est de faire des économies en améliorant la structure l’Etat. Cette analyse est en soi nécessaire, mais il ne faut pas oublier que le Valais dispose d’une des administrations les plus sveltes en comparaison intercantonale ; ce qui constitue déjà une gageure pour un canton bilingue.

Un ménage qui se trouve dans des conditions économiques difficiles cherchera à trouver un équilibre financier, en répartissant de manière équitable les trois moyens d’actions dont il dispose : négociations d’un emprunt auprès d’une banque, diminution de son train de vie, augmentation de ses revenus. Pour ce budget comme pour les suivants, l’Etat ferait bien de s’en inspirer. Il est nécessaire de proposer un équilibre entre les mesures d’économie et une augmentation des entrées. Une application stricte du principe du double frein constitue une entrave à cette recherche du juste milieu.

Si cet équilibre ne s’est pas réalisé durant la session, l’AdG aura refusé ce budget.