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ACBLePeupleLe Valais bouge: l'autoroute, la troisième correction du Rhône, Energypolis, des éventuels Jeux Olympiques et sans doute la Constituante. Si tout va bien au soir du 4 mars prochain, les Valaisannes et les Valaisans auront décidé de réviser totalement leur Constitution par le biais d'une Assemblée Constituante.

Pour dessiner et imaginer le Valais de demain, il sera nécessaire de bien s'y préparer. L'enjeu principal de la démarche Constituante consistera à faire sentir à toute citoyenne et tout citoyen que cette démarche leur appartient. Chaque valaisanne et chaque valaisan concerné par l'avenir de son Canton devra pouvoir se dire avec émotion: « Je veux y être ! » Redonner une nouvelle dynamique à la politique et permettre au citoyen de retrouver le goût de l'engagement pour le développement de la société dans laquelle il évolue, voilà un des objectifs essentiels.

Il faut éviter de répéter les routines héritées du Grand Conseil. Pourquoi alors ne pas envisager de laisser au sort le soin de désigner l'Assemblée? Pourquoi alors ne pas rêver à un immense tirage aléatoire, parmi l'ensemble de la population valaisanne, des membres appelés à rédiger la nouvelle Constitution? Cela donnerait la possibilité d'imaginer une grande fête populaire diffusée en direct sur des écrans géants placés aux quatre coins du canton, à l'occasion de laquelle le hasard désigne les heureuses élues et les heureux élus (peut-être faudrait-il simplement s'assurer que la Constituante soit représentative du genre, de l'âge et des régions).

Avant le tirage de chaque nom, le cœur de chacune et de chacun cognera fort. « Ce sera peut-être moi ». Chaque nom prononcé sera salué par une salve d'applaudissements, d'encouragements et de reconnaissance. Les personnes vivront un moment précieux, historique.

Le tirage au sort permettrait d'éviter les habituels jeux de pouvoir. Dans la Grèce antique, les Athéniens l'ont expérimenté justement dans l'optique de défendre l'égalité des membres de la Cité et de proclamer que tous ont légitimement pris part à la réflexion et à l'action politique. Pour imaginer les règles du vivre ensemble du Valais de demain, il est essentiel qu'il y ait une pluralité de points de vue représentés et défendus, que des voix différentes puissent se faire entendre. Les membres désignés ne seraient pas soumis à des idéologies d'un parti ou d'une carrière, ils seraient libres de prendre leurs décisions.

Quelle que soit la forme du tirage au sort, il sera facile à mettre en place. Bien sûr, la limite principale est que le nombre de la Constituante devrait être élevé pour avoir une réelle représentativité de la population. Mais cela est réalisable puisque déjà réalisé: l'Islande, qui compte une population de taille comparable à celle du Valais, l'a fait il y a quelques années ! Mille personnes avaient été sélectionnées par tirage au sort pour travailler sur la nouvelle Constitution et une assemblée constituante de vingt-cinq per-sonnes sans affiliation politique avait ensuite fait un travail d'écriture pour rédiger le texte. Chaque week-end, les travaux étaient postés sur les réseaux sociaux pour commentaires.

Mais fini de rêvasser, car la désignation de la Constituante par tirage au sort ne se fera pas. L'Art. 103 al. 3 de la Constitution valaisanne actuelle stipule en effet que: « Les élections à la Constituante se font sur la même base que les élections au Grand Conseil. Aucune des incompatibilités prévues pour ces dernières ne leur est applicable ». De l'idée du tirage au sort doit impérativement rester la volonté farouche de créer un élan participatif, de donner la possibilité à chaque citoyenne et chaque citoyen de faire part de ses idées, quelles qu'elles soient. La Constituante élue sera responsable d'aller à la rencontre de la population, de ne pas s'enfermer dans un carcan ou des processus qui la restreindraient à fonctionner comme un Grand Conseil bis. Que tout le monde s'y mette ! 

Annick Clerc-Bérod