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elLePeupleDeux femmes sont enceintes, l’une de manière naturelle, l’autre par fécondation in vitro. Toutes deux choisissent le diagnostic prénatal proposé dès la onzième semaine de grossesse. Si une anomalie chromosomique ou une malformation est décelée, elles ont légalement la possibilité d’interrompre la grossesse; une décision difficile et parfois empreinte de culpabilité. La femme/le couple ayant eu recours à la procréation médicalement assistée (PMA) a déjà vécu un long parcours de traitement d’infertilité et se trouve face au même dilemme, alors que le diagnostic préimplantatoire (DPI) aurait permis d’éviter l’implantation d’un embryon pouvant mener à une affection grave et aurait évité une interruption de grossesse. Il n’y a pas de raison d’interdire le DPI alors que le diagnostic prénatal est autorisé.

"Si c’est permis, tout le monde va le faire !", "on choisira nos enfants à la carte !" Cette panique s’exprime dans le débat autour du DPI, comme lors de l’acceptation du régime du délai pour l’interruption de grossesse en 2002. Une augmentation des avortements était crainte; treize ans après il n’en est rien! Contrairement aux pays totalitaires ou inégalitaires concernant le statut des filles et des femmes, nos lois défendent la liberté individuelle face aux choix procréatifs. «Voulons-nous des enfants ? Combien ?» «Pouvons-nous assumer de mettre au monde un enfant handicapé ?» Recourir ou non au DPI est une décision intime et éthique qui appartient aux personnes qui l’assument. Accepter le DPI ne revient pas à le rendre obligatoire, de même toutes les femmes enceintes ne recourent pas au diagnostic prénatal.

La crainte que les enfants nés avec un handicap ne soient plus acceptés est à considérer avec respect. Le regard que nous portons sur les personnes vivant avec un handicap ainsi que sur celles diminuées par la vieillesse, la maladie ou les troubles psychiques est une question fondamentale. Une société évoluée se reconnaît dans la place qu’elle donne aux plus démunis. Engageons-nous pour une société plurielle et intégrant toutes les différences. Ce n’est pas en interdisant le DPI que nous y parviendrons.

Dire oui le 14 juin est une étape à l’introduction du projet de modification de la Loi sur la PMA. Celle-ci sera un progrès pour la fécondation in vitro et légalisera le diagnostic préimplantatoire. Celui-ci sera autorisé uniquement dans deux cas. Il est à ce jour la seule pratique permettant aux couples porteurs de maladies héréditaires graves d'éviter une transmission à leur enfant. Pour les couples dans l’impossibilité de procréer naturellement, il augmentera les chances de grossesse dans le cadre d’un traitement de l’infertilité et diminuera les risques liés aux grossesses multiples ainsi que le recours aux interruptions de grossesse.

Eliane Launaz Perrin

 

Voir également l'intervention d'Eliane Launaz Perrin en débat sur Canal 9.