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jcLePeupleNous vivons une époque terrible, les attentats de Paris sont encore venus l'illustrer de manière sanglante vendredi passé. Face à la violence aveugle, terrible, destructrice, la tentation est forte de céder à la dérive sécuritaire, se réfugier derrière des murs et fermer les frontières. Ce serait tenter de lutter contre les effets du terrorisme tout en en ignorant la cause, et sacrifier allègrement ce que nous avons peut-être de plus cher: l'état de droit, fondé sur le respect fondamental des libertés.

Etre libre, en Suisse, c'est une valeur cardinale et peut-être l'essence de notre nation. Ce ne sont d’ailleurs ni l'UDC, ni les radicaux qui vont me contredire à ce sujet. Renoncer à la liberté au nom de la sécurité, c'est donc offrir en pâture ce que nous avons peut-être de plus précieux aux terroristes de tout poil. ll ne faut pas céder, il faut continuer à défendre nos valeurs.

Sans compter que des terroristes, eh bien, il y en a en Suisse aussi. Qu’est-ce qui amène des êtres humains à se faire sauter en tout petits morceaux juste pour faire passer un message, selon vous? Vous iriez vous jeter sous un train pour faire la nique aux pendulaires qui vous prennent toutes les places assises?

Non, la réalité, c'est qu’il y a, en Suisse aussi, des gens qui n'ont rien à perdre. Des gens qui n'ont pas une famille aimante, des gens qui se sentent lâchés par une société qui ne s'intéresse pas à leur bien-être, des gens dont on à petit détruit toutes les valeurs pour les remplacer par la seule qui compte vraiment, le dieu Argent, qui veut bien faire des miracles les autres mais dont ils sont, eux, dépourvus. A ces gens-là, on leur propose un accueil chaleureux, on les intègre à la bande, on leur donne un cadre et des valeurs pas forcément défendables, on leur paie une ceinture d'explosifs et peut-être la polaire qui va dessus pour la camoufler et, tout soudain, ils obtiennent ce sentiment qu'ils n'ont pu ressentir jusqu’alors: ils sont quelqu'un et ils peuvent faire une différence … alors certains d’entre eux la font.

Le démantèlement des assurances et des services sociaux, l'intolérance et la fermeture des frontières et la concentration des richesses dans les mains du plus petit nombre sont les fabriques du terrorisme bien de chez-nous. Dans ce contexte, le virage à droite pris par le parlement présente de nombreuses sources d'inquiétude… 

Jean Carron