Je viens de vivre un mois comme si j'étais au bénéfice de l’aide sociale pour essayer de me rendre un peu compte de ce que cela impliquerait dans ma vie de tous les jours. À la sortie de cette expérience, je retiendrai bien évidemment le souci permanent de calculer mes dépenses, la peur de l'imprévu et du déséquilibre soudain de mon budget, l'obligation d’arrêter toutes mes activités sauf une gratuite, de limiter au maximum mes déplacements…
Bien sûr, il n'y a pas forcément besoin d’avoir ce budget si serré pour devoir faire attention à ses dépenses mais je me dis que j'ai eu de la chance de passer ce mois en ayant mon travail qui m'a permis d'occuper mes journées et donc mon esprit, de me sentir utile, de rencontrer du monde (notamment mes collègues), afin d'éviter l’isolement dû à l'arrêt de mes activités «extérieures» et la limitation de mes déplacements.
Alors aujourdhui, j'essaie de m'imaginer sans argent et sans travail (bien que je ne puisse me mettre à la place des personnes qui vivent réellement cette situation) et je ne peux qu’imaginer que mon isolement finira par être presque total, voire vraiment total et qu'il compliquerait mes chances de retrouver un emploi, affecterait certainement mon moral et donc peut-être ma santé.
Personne n'est à l'abri de perdre son travail pour des raisons de conjoncture, de maladie, de soucis personnels qui affectent sa vie professionnelle ou autres. Personne n'est à l'abri de voir ses ressources financières diminuer. Or, aujourd’hui, pour retrouver un emploi, je pense que les réseaux professionnel et personnel ont une grande importance. Le problème: comment maintenir ou agrandir son réseau quand l’isolement nous guette? Bien sûr, il faut maintenir toutes les actions favorisant la réinsertion professionnelle et même ne pas cesser de les développer mais aujourdhui retrouver un emploi peut s’avérer compliqué pour certaines personnes. Je pense donc qu'il faudrait également (davantage que ce qui se fait actuellement) faciliter l’accès aux activités extérieures du monde professionnel comme l’accès à la culture, au sport ou autres pour tous, ce qui permettrait d’avoir un réseau. Ainsi l'intégration sociale pourrait permettre d’avoir des ouvertures professionnelles.
Maud Theler
5 février 2016
