banner sion 1170x270

MadelineHeinigerLePeupleCher Valentin

Tu signais récemment, dans le Peuple.VS, un article intitulé « Quota, fausse bonne idée » et je suis sensible à tes arguments : Les quotas en faveur des femmes les dévalorisent, elles seraient nommées parce qu’elles sont femmes et non pour leurs compétences, ces quotas ne compenseraient pas la pénurie de femmes aux postes importants et la discrimination, même positive, n’est pas acceptable.

Dans l’assemblée principalement féminine réunie ce samedi 21 mars pour les Etats généraux de la politique 2015, à l’initiative de Solidarité Femmes, les mêmes arguments ont été repris par plusieurs, mot que je devrais accorder au féminin si la grammaire française me le permettait… La conférencière du jour, Eléonore Lépinard, professeure en sciences sociales et politiques à Lausanne, n’a pas nié les résistances répandues au sujet des quotas : femmes alibi, « ça viendra naturellement », anti-méritocratique, mal vus des femmes politiques elles-mêmes.

Oui, mais…

Difficile pourtant de se voiler la face : depuis l’introduction du vote des femmes en 1971, l’évolution est grande mais la présence des femmes en politique reste maigre. En 2013, les candidates à la députation valaisanne sont en baisse sur les listes, et parmi les élu-e-s, seulement 16,2% de femmes représentent la population… soit un retour au pourcentage de 1997. Dans le monde, elles sont 22% de parlementaires, et la courbe stagne à ce niveau. Ces chiffres sont-ils acceptables, alors qu’un législatif est censé représenter la population ?

Eléonore Lépinard argumente : quels autres instruments avons-nous ? Les quotas peuvent représenter une mesure temporaire efficace : en 2013, sur les dix pays qui ont le plus d’élues au monde, neuf pays ont mis en place des quotas ! Ceux-ci, à placer à 40% (soyons fous!), doivent être adaptés au système électoral et prévoir des sanctions : listes non enregistrées, par exemple. Insuffisants toutefois, ils doivent être accompagnés de mesures au sein des partis, comme le mentoring, une formalisation des procédures de nomination, égalité dans la présence médiatique et les campagnes, etc.

Diverses études le soulignent : que cela touche la politique ou l’accès à des postes de cadres, de multiples préjugés, de la part des hommes et des femmes, conscients et inconscients, interfèrent à l’encontre des femmes. L’idée que cette discrimination cessera naturellement contredit les recherches menées sur le sujet : les choses sont trop enracinées. Les modèles doivent être cassés. Et c’est là que la réglementation – comme un quota pour les femmes – a sa place.

C’est pourquoi je souhaiterais, Valentin, que nous gardions la question des quotas ouverte. Et que la discussion se poursuive.

Cordialement

Madeline Heiniger
Députée