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LePeupleAnnickClercBerodEn 2012, la consommation d'énergie électrique a représenté 24% de la consommation finale d'énergie en Suisse. Les centrales hydrauliques et nucléaires ont contribué à respectivement 59% et 36% de la production totale d'électricité.

La Suisse a pour objectif de sortir du nucléaire pour sa production d'électricité d'ici quelque vingt ans. Elle se doit de développer à terme une production d'énergies de substitution au nucléaire, durables et propres. Dans les stratégies élaborées par la Confédération, la production électrique hydraulique reste majoritaire, et le Valais y jouera un rôle essentiel. Cependant le marché de l'électricité subit des distorsions: faible demande due à la crise économique européenne, faible prix du charbon dû aux exportations massives des USA suite à leur production de gaz de schiste, non fonctionnement du marché des quotas de CO2. Mais il y a surtout la production en faveur des nouvelles énergies renouvelables, les NER (solaire, éolien, géothermie, biomasse) fortement soutenues pour sortir du nucléaire. En Allemagne, ce sont 20 milliards d'euros de subventions qui ont été injectés, et en Suisse la rétribution à prix coûtant (RPC) permet d'investir 300 millions de francs par an dans le développement des NER, montant qui devrait être augmenté à 900 millions. Le prix de l'électricité a ainsi chuté: 5 cts/kWh sur le marché européen, bien inférieur aux 8 centimes du prix de revient du kWh issu de l'énergie hydraulique.

La production électrique provenant de nos barrages est en danger et l'inquiétude domine. Pour la Suisse et le Valais en particulier, les organismes qui produisent l'électricité «hydraulique» et qui ont investi des milliards dans des installations qui ne rapportent plus actuellement, ne doivent pas être amenés à devoir «vilipender» nos barrages. S'en prendre aux NER pour sauver l'exploitation de nos barrages serait cependant un mauvais calcul. Les NER et la force hydraulique (qui est une énergie renouvelable) ne doivent pas être opposées, mais à l'inverse promues ensemble. Il s'agit de faire bloc. Pour non seulement empêcher un éventuel ralentissement de la sortie du nucléaire, mais pour accélérer cette sortie. Pour aussi vouloir s'affranchir autant que possible des productions issues des énergies fossiles.

Les parlementaires fédéraux semblent l'avoir compris, et une nouvelle alliance qui va au-delà des politiques partisanes, émerge pour réconcilier NER (dont le solaire) et hydraulique: étendre la RPC à l'hydraulique, marquer et avantager le courant propre, taxer les énergies polluantes «à effet de serre». Elaborer un pacte de solidarité énergétique en quelque sorte, avec en toile de fond les deux questions fondamentales: quel modèle de consommation énergétique voulons-nous et quel prix sommes-nous prêts à payer pour préserver notre production indigène propre et durable?

Annick Clerc Bérod