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Bernard AttingerComme vous le savez, vous allez devoir voter sur “le prix du livre“. En résumé cela veut dire que vous allez devoir choisir entre la situation actuelle qui permet aux “gros vendeurs de livres“ de faire des rabais sur les bouquins qui se vendent bien tandis que les vrais libraires, ceux qui vous conseillent et offre un vaste choix ne peuvent pas faire de rabais sans risquer de partir en faillite. Soit les profits pour les gros, avec un choix limité et les charges pour ceux qui vous conseillent et vous offre un grand choix.

Pour éviter cette distorsion de concurrence et la disparition des petits libraires et de toute la culture qu’ils nous apportent, la loi propose que chaque livre ait le même prix quel que soit le vendeur.

Il s’agit certes, là, d’une atteinte à la liberté de commerce et de concurrence. Dans le monde que nous vivons cela va à l’encontre des grands principes économiques de libéralisme, de ces mêmes principes de mondialisation qui mettent en concurrence des produits fabriqués par des petits chinois sous-payés avec des produits fabriqués chez nous avec nos salaires. 

Veut-on continuer dans cette voie ? On a vu, il y a deux ans, la libéralisation du marché de l’électricité avec une augmentation généralisée des tarifs, comme quoi certains principes peuvent provoquer le contraire du but recherché. On voit aussi les effets du libéralisme économique sur nos très chères banques : les pertes pour l’Etat et les bénéfices pour les directeurs et les actionnaires. 

Il est peut-être temps de se réveiller et d’arrêter de croire que la liberté des marchés peut tout régler. Ce qui est sûr c’est que cette liberté, appliquée de manière sauvage et sans contrainte, abouti à toutes sortes de catastrophes sur la vie de nombreux humains, avec des riches toujours plus riches et des pauvres toujours plus pauvres…

Dans le cas particulier du marché du livre, il s’agit d’admettre tout d’abord que le livre n’est pas qu’une marchandise mais qu’il est un support de culture. Sa diversité dépend de sa rentabilité et il n’est pas possible de comparer un Best steller tiré à des millions d’exemplaires et le produit à faible tirage d’un petit éditeur qui prend le risque de publier un jeune auteur local.

Nous devons protéger la liberté culturelle même au détriment de la liberté de commerce et par conséquent accepter la fixation d’un prix unique du livre. Cette loi va, peut-être, contre le sens de l’histoire, mais êtes-vous certains de vouloir continuer à aller dans ce sens ? n’est-il pas temps d’inverser la vapeur et de remettre l’économie au service des gens ?

Alors, OUI, de tout cœur et à vos bouquins !

Bernard Attinger , PC.S