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L’agriculture et la viticulture

Concilier l’inconciliable ?

50 ans d'économie dirigée et tout bascule. Prise en charge garantie et prix garantis par la Confédération dans les secteurs-clés (lait, fromage, viande, céréales) ne sont que des souvenirs. La nouvelle politique agricole vise à concilier plus d'écologie et plus de marché, en libéralisant les marchés et en compensant les prestations d'intérêt général (entretien du paysage, habitat décentralisé, écologie, protection des animaux) par des paiements directs.

Dans ce nouveau contexte, l'agriculteur veut demeurer le producteur de denrées saines et appréciées et payées à un prix décent. Pour le surplus, il assume sa fonction de gardien d’un paysage soigné et participe à la sauvegarde de régions périphériques vivantes. L'agriculture a donc sa place dans une société moderne, où elle tient un triple rôle : économique, social et écologique.

De la tutelle de l'Etat à la dictature de la grande distribution ?

De tout temps, les agricultrices et agriculteurs ont su s'adapter aux changements. Aujourd’hui, l’enjeu commercial est capital. Il importe dès lors de regrouper les producteurs, pour faire contrepoids à la grande distribution. Cette force de frappe qui reste à construire est nécessaire pour gérer l'offre en quantité et en qualité (attentes des consommateurs), pour centraliser les achats aux producteurs et vendre les produits aux transformateurs-distributeurs (secteurs prioritaires : viande, lait, fruits et légumes). C'est à ces conditions que les paysannes et les paysans auront droit à des prix équitables pour leurs produits.

Néanmoins, un certain soutien public demeurera nécessaire, pour rémunérer les prestations d'intérêt général et prendre en compte les difficultés liées au climat ou à la topographie, et les difficultés sociales. On poursuivra l’effort de relations publiques et de communication au travers de diverses actions (Brunch du 1er août, école à la ferme, tourisme rural, relations avec la presse et les médias, Internet...). Dans la phase de transition, il est inadmissible que l'Etat déserte son rôle d'arbitre (surveillance des prix et des marges abusives, répression des fraudes, force obligatoire pour les décisions représentatives de la profession), car le laissez-faire pourrait s’avérer destructeur.

Les forces de notre agriculture/viticulture

  • La proximité de pôles de consommation à fort pouvoir d'achat (Milan-Italie du Nord, Haute-Savoie…).
  • Le savoir-faire, la capacité d’adaptation et le dynamisme des agriculteurs/viticulteurs.
  • Les besoins de sécurité des consommateurs, suite à diverses crises alimentaires (dioxine, vache folle, hormones), et les nouveaux soucis de proximité et d'écologie.
  • Les parts de marché élevées sur le plan national pour les cultures spéciales (fruits et vins), le tout associé à une identité régionale forte (image valaisanne).
  • Les récentes législations fédérales sur les AOC et les nombreux produits susceptibles d'obtenir cette distinction reconnue sur le plan européen.
  • Les nouvelles possibilités d'accès au marché européen, en particulier pour les fruits, les légumes et les fromages, dans le cadre des accords bilatéraux avec l'Union Européenne. Pour le seul secteur des fruits et légumes (nouveau : 40'000 t sans droits de douane).

Les faiblesses de notre agriculture/viticulture

  • L'environnement économique le plus cher du monde (salaires en comparaison internationale, niveau moyen des prix du logement …) laisse peu d'espoir d’abaisser les coûts.
  • L'endettement représente un " boulet " de 15-20 milliards de francs pour l’ensemble de la Suisse (Fr. 20'000 /ha), qui hypothèque les perspectives de développement ultérieur.
  • Un système de paiements directs qui ne tient pas compte des différences d'intensité en travail et qui conduit à une mauvaise allocation des fonds à disposition. La contribution pour 1 hectare de prairie qui demande 10 h. de travail/an est la même que pour 1 hectare de vigne en terrasse (1’200 h./an).
  • Pour le Valais, l'éloignement des centres de consommation (Zurich, Berne…), la perte de valeur ajoutée en "exportant" des produits bruts et l'absence de capacités de transformation sur place.
  • Des structures commerciales dépassées (secteur des fruits et légumes), une offre éclatée face à une concentration unique au monde de la demande (2 grands distributeurs pour 75% du marché).
  • Des contraintes exagérées et tâtillonnes en matière de protection des animaux et de l'environnement, qui dénotent une protection dont rêvent les enfants et les personnes âgées.
  • L'absence de mesures d'accompagnement sociales de la nouvelle politique agricole (recyclage professionnel, retraites anticipées, faiblesse de l'aide au démarrage en faveur des jeunes et à l'amélioration des structures).
  • Les règles de la libéralisation du commerce mondial (OMC) se limite à la seule dimension économique et font fi des aspects sociaux et environnementaux.

Nous avons des ressources à faire valoir, osons:

  • Faire preuve de la solidarité nécessaire en regroupant les forces des producteurs et en proposant une restructuration du commerce intermédiaire. Des mesures d'accompagnement sociales sont indispensables.
  • Renforcer le soutien d’un marketing et d’une promotion efficaces et originaux pour les produits souvent délaissés par les mesures fédérales prévues (vins, fruits, produits AOC).
  • Poursuivre l'effort qualitatif et la diversification de l'assortiment et le renouvellement des cultures en fonction des attentes du marché (en particulier, les fruits).
  • Développer des synergies avec d'autres secteurs économiques (industrie, tourisme), en passant des palabres aux actes.
  • Participer au développement progressif d'un tourisme doux répondant à une nouvelle demande.
  • Miser sur la sauvegarde de la valeur ajoutée au niveau régional, en transformant sur place et en intensifiant les transferts de technologie entre les HES et les entreprises.
  • Proposer un modèle de désendettement équitable, sachant que les dettes ont été contractées dans les " années folles ", en fonction de prix devenus fantaisistes.
  • Renforcer les aides au démarrage des jeunes et aux améliorations de structures.
  • Trouver de nouvelles alliances (syndicats, consommateurs, pays de l'UE), afin que le prochain cycle de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) tienne mieux compte des aspects sociaux et environnementaux.
  • Maintenir les compétences cantonales en matière de suivi qualité AOC, et promouvoir les spécificités valaisannes face à une certaine tendance centraliste de l’OFAG

Permettre le maintien d’une agriculture et d’une viticulture fortes, avec le maximum de valeur ajoutée dans la production valaisanne; telle est notre volonté!