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Migration / Jeunesse

Contexte démographique (OFS / février 2006)

La Suisse est l’un des pays industrialisés qui compte la proportion la plus élevée de migrants internationaux, c’est-à-dire de personnes nées à l’étranger. En 2000, la grande majorité de ces migrants (20,1 % de la population totale), étaient, à la naissance, de nationalité étrangère.

Au recensement de la population 2000, la population suisse s’élevait à 7,3 millions, dont 1,5 millions d’étrangers. Les personnes étrangères de première et deuxième génération représentent au total 27 % de la population suisse. Parmi elles, 70% sont de nationalité étrangère. Un quart des personnes de première génération et un tiers de la deuxième ont acquis la nationalité suisse.

Dans les années 1990, suite à l’éclatement de la Yougoslavie et des guerres en Bosnie, Herzégovine et Kosovo, un grand nombre de migrants sont arrivés en Suisse, accompagnés de leurs familles. Cette immigration a été en partie favorisée par l’existence, dans notre pays, de réseaux de travailleurs immigrés de ces mêmes régions.

En 2000, la moitié des étrangers vivant en Suisse provenaient :

  • 24% ex-Yougoslavie
  • 10% Portugal
  • 6% Turquie
  • 10% Asie et Afrique
  • 68% des enfants de moins de 7 ans de nationalité étrangère étaient des ressortissants de l’un de ces pays ou continents.

Les jeunes issus des migrations plus récentes et originaires de contextes socioculturels différents, rencontrent généralement plus de difficultés à s’intégrer et présentent de grandes différences tant au niveau de la formation atteinte que de la situation sur le marché de l’emploi.

Chez les descendants d’immigrés, les Italiens et Espagnols constituent la majorité.

Les personnes de deuxième génération d’origine étrangère sont mieux formées que leurs parents. Ce sont les jeunes Italiens et Espagnols qui présentent la meilleure insertion à la société suisse.

La deuxième génération d’origine étrangère née en Suisse est composée de 500'000 personnes en 2000, soit le 7 % de la population résidente, dont le 32,3 % a acquis la nationalité suisse.

Toutefois, pour les jeunes issus de migrations récentes, la naturalisation n’offre pas toujours une garantie d’intégration professionnelle.

Une étude de Widmer (2005) examine les causes des différentiels de chômage. Les taux de sans-emploi sont en moyenne deux à trois fois plus élevés dans la population étrangère que chez les Suisses. Les données de cette étude montrent systématiquement que les personnes sans formation ou possédant une formation élémentaire ne réussissent pas bien sur le marché du travail.


Discrimination à l’embauche de jeunes issus de la migration

Une étude du Forum Suisse des Migrations dans le cadre du PNR 43, (Fibbi, Kaya, Piguet 2003) met en évidence que pour certains groupes de la population immigrée, surtout pour les ressortissants de pays non membres de l’UE et des pays en développement, des facteurs liés à l’origine jouent un rôle important et favorisent une discrimination à l’embauche de jeunes issus de la migration.

Cette étude a été réalisé selon une méthode élaborée par le BIT et permet des comparaisons internationales. La méthode consiste à envoyer des postulations fictives en réponse à des offres d’envoi (niveau de qualification CFC). Toutes les candidatures sont équivalentes. Le profil est celui d’élèves avec un parcours scolaire linéaire et sans retard, ayant fait toute leur scolarité en Suisse (et au bénéfice d’un permis C pour les étrangers). Des dossiers similaires ont donc été envoyés, mais avec des noms différents. Pour la Suisse romande, les patronymes choisis correspondaient aux nationalités suivantes : Suisse, Portugal, ex-Yougoslavie albanophone. En Suisse alémanique, la candidature portugaise était remplacée par une candidature turque (ceci pour respecter la "constellation migratoire", différente dans les deux régions linguistiques).

Dans un deuxième temps, on a comparé le nombre de fois où les jeunes étrangers étaient convoqués à un entretien d’embauche au même résultat obtenu par le candidat suisse.

On estime qu’il y a discrimination significative à partir d’une différence supérieure à 15%.

Les chiffres obtenus sont les suivants:

En Suisse romande:

  • Portugal 10%
  • ex-Yougoslavie albanophone 24%

 

En Suisse alémanique:

  • Turquie 30 %
  • ex-Yougoslavie albanophone 59%

En comparaison internationale avec des pays de l’Union Européenne, la discrimination envers les Portugais est basse. Par contre, la discrimination des Turcs et des ressortissants albanophone d’ex-Yougoslavie est très élevée. L’Allemagne, où la population immigrée d’origine turque est nettement plus nombreuse qu’en Suisse, enregistre par exemple un taux de discrimination bien inférieure.

 

Cette discrimination est jugée "normale" au nom de la "préférence nationale". Cette attitude est jugée adéquate, même si elle conduit à des décisions irrationnelles, puisque le futur employeur n’a pas pu comparer le dossier du jeune suisse au dossier du migrant, celui-ci n’ayant même pas été convoqué en entretien.

Lors de la présentation de la recherche, le Forum Suisse des Migrations s’est heurté à un accueil poli et à un mur d’inertie. Ni les autorités, ni les syndicats, ni les milieux patronaux, n’ont paru pressés de réfléchir à la manière d’améliorer ces scores catastrophiques. Pourtant, le monde du travail est une pièce essentielle du puzzle de l’intégration. Mais ce n’est pas la première fois que des recherches dans le domaine de la migration finissent dans un tiroir: les études aboutissent à des recommandations, mais les décisions prises par les responsables concernés vont à l’opposé.

Cette étude démontre que la discrimination à l’embauche est un phénomène réel en Suisse quantitativement très important, qui frappe avant tout les jeunes originaires de pays extra-communautaires en dépit de leur scolarisation réussie en Suisse.

Ces pratiques vont à l’encontre du principe d’égalité de traitement entre les individus, principe sur lequel repose l’intégration sociale des personnes d’origine étrangère dans les sociétés démocratiques.


Proposition d’action

Interpeller les acteurs politiques et sociaux sur la thématique de la discrimination à l’embauche des jeunes issus de la migration


Minarets

Même si la coexistence a ses limites, la peur qui anime le débat sur les minarets, est mauvaise conseillère.

Selon l’article 72 de la Constitution fédérale sur l’Eglise et l’Etat «la Confédération et les cantons, dans les limites de leurs compétences respectives, peuvent prendre des mesures propres à maintenir la paix entre les membres des diverses communautés religieuses». Cet article n’offre pas une réponse toute faite à une question aussi complexe. Il permet toutefois aux autorités d’apprécier si la construction d’un minaret est conforme sur le plan législatif ou si elle vise à représenter des objectifs évidents ou sous-jacents qui vont au-delà de la sphère religieuse et confessionnelle d’une communauté.


Criminalité étrangère

Les procédés de communication utilisés par le parti d’extrême droite pour le renvoi des criminels étrangers, transmettent un message à caractère provocateur et discriminatoire et risquent d’attiser la haine raciale.

Un criminel, de quelque origine qu’il soit, doit répondre de ses actes selon les mesures fixées par la loi.

Notre société est à l’image des individus qui la composent, et surtout de leur capacité à trouver des solutions aux problèmes, à promouvoir le vivre ensemble dans le respect de la dignité de la personne.

Cela se pratique en Suisse par de nombreux projets concrets, grâce à une politique d’intégration promue par la Confédération, les Cantons et les Communes.