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La politique familiale

L’acceptation par le peuple le 26 novembre 2006 d’une harmonisation des allocations familiales représente un signe évident de la volonté des Suissesses et des Suisses d’instaurer une politique familiale de qualité. L’harmonisation des allocations familiales ne représente cependant qu’une première mesure.

Nous pensons qu’il est urgent de développer une vision globale et active en faveur de la famille en Suisse. Le rôle de l’Etat n’est pas de remplacer la famille, cependant il est de son devoir, et il en va de sa survie, de la soutenir et de lui assurer les conditions nécessaires à son développement harmonieux.

Les familles jouent un rôle essentiel dans la société en lui fournissant des prestations indispensables en soins et transmission de savoirs. Elles sont source de notre «capital humain». Les enfants, en particulier, représentent un «bien public» auquel nous devons tous nous intéresser. Mais les familles ne doivent pas être seules à en supporter les frais.

La Suisse économique est championne en compétitivité. Cependant on ne tient pas compte de l’enfant dans la recherche de compétitivité et de rationalisation. Aujourd’hui, le taux de natalité en Suisse est de 1,4 par femme. Nous risquons un écroulement du marché du travail dans notre pays par manque de bras dans les 10-20 ans à venir. Notre société et notre économie ont besoin d’un renouvellement de la population et d’une formation de pointe pour assurer l’avenir de notre pays. Ce renouvellement se fera par une meilleure intégration des étrangers et surtout par une politique familiale qui favorise la natalité.

Les jeunes adultes de 2035 ne sont pas encore nés! Il faut créer un mini baby-boom. L’exemple de la France qui a vu son taux de fécondité remonter à plus de 2 enfants par femme en 2006 est encourageant.

En même temps, nous devons maintenir la solidarité intergénérationnelle, et faire face au défi démographique – le double vieillissement. Le nombre de personnes de 65 ans et plus ne cesse de croître (16% de la population Suisse en 2005, plus de 25% prévus en 2030). Actuellement, c’est grâce à l’immigration que notre population grandit et se renouvelle, mais d’ici 2040 elle pourrait entrer en phase de décroissance.

Il s’agit donc de développer une politique familiale qui produira des effets positifs sur la natalité, mais aussi une politique qui tienne compte des différentes phases de la vie. En particulier, elle doit s’adresser aux besoins de la vieillesse et préserver le principe d’équité intergénérationnelle. Le bien-être de notre société et la vitalité de notre économie en dépendent.

La pleine intégration des femmes dans le marché du travail est une des mesures qui s’impose. Il faut donc donner les moyens aux familles de concilier leur vie professionnelle et leur vie familiale. Il est indispensable que les familles aient le choix et puisse s’investir dans l’éducation de leurs enfants.

Les changements démographiques vont de pair avec des mutations économiques et des coûts grandissant dans le domaine de la santé et des soins. Nous allons vers une transformation des fonctions de la famille: les besoins en services de garde, de soins et d’aide au maintien à domicile seront grandissants. Il en résultera une création d’emplois dans ces services. Le rôle du politique sera d’assurer l’équité de traitement afin que le minimum vital soit assuré : aux plus faibles, aux plus jeunes et aux plus âgés.

Le rythme des changements ne cesse d’accélérer. Le marché du travail a besoin de plus en plus de personnes formées, expérimentées: des personnes avec des aptitudes techniques de pointe, des cadres pour mener les projets et les initiatives. Le «capital humain» est notre ressource principale: c’est pourquoi nous devons investir dans l’éducation et la formation de qualité accessibles pour tous. C’est la base d’une politique d’avenir pour la Suisse.

Le PCS veut instaurer une politique cohérente et globale. Pour cela, notre parti a réalisé un sondage auprès de ses membres et a pu développer quatre axes de propositions:

  • le monde du travail
  • le monde de l’enfance
  • le monde des parents (famille et fiscalité)
  • le monde du 3e et 4e âge

 

1. Le monde du travail

Le monde du travail doit tenir compte de la vie de famille, dans son propre intérêt. Il a été calculé que le retour sur investissement d’une politique du personnel favorable à la famille est de 8% (Prognos SA 2005). La flexibilité et la mobilité de plus en plus exigées par le marché du travail et la société ne doivent pas être des facteurs d’appauvrissement. La politique doit reprendre les rênes en mains et rappeler à l’économie qu’elle gagne à se mettre au service de l’humain et non le contraire.

Les propositions du PCS pour le monde du travail

  • Promouvoir le temps partiel qui permet de concilier vie familiale et vie professionnelle, tant pour la femme que pour l’homme. Les services de l’Etat se doivent de montrer l’exemple. L’évolution professionnelle de ceux et celles qui choisissent le temps partiel ne doit pas être prétéritée: des mesures actives pour assurer l’égalité des salaires, les promotions et la formation continue doivent être instaurées. Il faut aussi promouvoir les femmes dans les classes supérieures de salaire et dans des postes de cadres.
  • Maintenir l’employabilité durant tout le cursus de la vie et spécialement durant le temps consacré à l’éducation des enfants par :
    • le financement de stages de remise à niveau après une interruption professionnelle pour période éducative,
    • un système de formation continue subventionné pour les parents qui s’occupent de l’éducation de leurs enfants.
  • Combler les carences des assurances sociales pour les temps partiels afin de ne plus pénaliser le travail à temps partiel: la 1re heure de travail doit déjà donner le droit de cotiser à la prévoyance professionnelle (LPP).
  • Instaurer des congés parentaux qui favorisent le développement de l’enfant : un congé maternité d’au minimum de 16 semaines prolongeable en congés non payés, et un congé paternité d’au moins 4 semaines afin de permettre aux pères de reprendre leur place dans l’éducation. L’idéal serait un congé parental partagé d’une année, dans l’intérêt de l’enfant.
  • Développer des mesures incitatives destinées aux hommes souhaitant réduire leur temps de travail pour assumer des responsabilités familiales.

 

2. Le monde de l’enfance

Le droit fondamental de l’enfant est de bénéficier d’une éducation de qualité, de sécurité relationnelle et matérielle, de stabilité affective dans sa cellule familiale et d’un minimum vital. Notre monde exige de plus en plus de compétences et de formation. Le système scolaire est primordial et doit être renforcé pour assurer qu’aucun enfant ne soit désavantagé à vie par une scolarité abrégée.

Les propositions du PCS pour le monde de l’enfance

  • Réaliser des structures d’accueil de la petite enfance autour du lieu de travail. L’Etat du Valais doit montrer l’exemple au secteur privé, en particulier en organisant à Sion une garderie pour les employé-e-s de l’Etat, du Réseau Santé Valais, et de la SUVA.
  • Instaurer une offre préscolaire dès l’âge de 3 ans afin de donner un maximum de chance à chaque enfant. (en particulier pour les enfants migrants.)
  • Harmoniser les horaires d’accueil scolaire pour permettre aux parents d’assumer leurs responsabilités professionnelles et familiales. Pour les mêmes raisons, s’assurer de l’offre de structures d’accueil pour les repas de midi et la prise en charge avant et après les heures de cours.
  • Favoriser l’esprit de solidarité intergénérationnelle par le partage de structures avec les aînés et la création de réseaux de familles par quartiers.
  • Assurer une scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans puis offrir des places de formation et de travail qui permettent à tous les jeunes d’accéder au monde du travail.
  • Développer des programmes d’information professionnelle dès la fin de l’école primaire afin d’élargir le choix professionnel des jeunes et promouvoir les formations valorisantes, en particulier pour les jeunes filles.
  • Instaurer la gratuité des primes d’assurance-maladie pour tous les enfants jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire.

 

3. Le monde des parents: famille et fiscalité

La société doit reconnaître la valeur des prestations fournies par la famille et leur importance pour le développement économique de la Suisse. Elle doit s’adapter aux changements de mentalité au sein du couple : les rôles ne sont plus strictement définis. Les couples doivent pouvoir choisir leur mode de fonctionnement à l’arrivée d’un enfant: la répartition du travail salarié, des tâches familiales et éducatives, l’idéal étant de les partager au sein du couple.

Pro Familia estime que le manque à gagner pour une famille est de 40% à 60% du revenu (suivant le nombre d’enfants). Il est important de compenser cet investissement. La politique fiscale doit aider les familles avec enfants à faire face aux coûts réels, et doit assurer qu’aucun enfant ne vive en dessous du seuil de pauvreté dans notre pays.

Les propositions du PCS pour le monde de la famille et la fiscalité

  • Reconnaître la contribution des parents qui diminuent leur temps de travail pour s’investir dans la famille : attribuer une valeur économique pour le calcul des prestations des assurances sociales. Etablir un certificat de temps de travail familial.
  • Introduire le système du quotient familial, qui consiste à réduire le taux d’imposition en fonction du nombre de personnes à charge.
  • Permettre les déductions fiscales des frais de formation, de garde d’enfants, les frais liés aux salaires des employé-e-s de maison et des aides familiales.
  • Appliquer des principes de réduction fiscale pour tenir compte des coûts engendrés par l’encadrement en famille des personnes âgées.
  • Concilier maternité et études par l’encouragement d’une natalité plus précoce chez les femmes en formation par un aménagement de cursus d’études. Améliorer les chances d’accès à la formation continue (en adaptant les horaires, structures d’accueil, finances, etc.).
  • Introduire le congé parental pour enfants en traitement hospitalier de longue durée.
  • Développer une politique d’urbanisation et de logement qui tienne compte des besoins des familles. Par exemple par l’octroi de prêts à bas taux d’intérêts pour l’acquisition d’un logement.
  • Soutenir et responsabiliser les parents dans leur rôle éducatif primordial. Favoriser le développement de réseaux d’entraide. Faciliter l’accès aux prestations et services offerts par les différentes institutions et associations déjà existantes. (par ex. par la création d’un portail unique type familles-ge.ch).

 

4. Le monde du 3e et 4e âge

Pour une politique de la vieillesse qui tienne compte des différentes phases de la vie, il faut pouvoir répondre aux besoins des personnes âgées et maintenir leur niveau d’autonomie aussi longtemps que possible. Une politique de logement et de maintien à domicile pourra réduire les coûts pour la communauté, sans pour autant réduire la qualité de vie des personnes âgées.

Les propositions du PCS pour le monde du 3e et 4e âge

  • Reconnaître la valeur des prestations familiales (les aidants naturels) par des allégements fiscaux pour la prise en charge intrafamiliale. Les familles apportent déjà des soins importants mais elles ont besoin de soutien pour maintenir ce rôle.
  • Renforcer la mise en place rapide de foyers de jour et de services auxiliaires pour la nuit afin d’apporter le soutien nécessaire aux familles qui gardent leurs parents âgés à domicile.
  • Favoriser les contacts entre les seniors et les juniors en organisant des lieux de rencontres qui développent la solidarité intergénérationnelles et le respect mutuel. (ex. Le Mas de la Borgne à Bramois).
  • Renforcer les centres médico-sociaux en leur donnant les moyens nécessaires pour assurer les prestations qu’ils apportent à domicile, en aide et en soins.
  • Promouvoir les solutions de logement adapté pour personnes âgées encore autonomes mais nécessitant de l’aide : les appartements protégés (par ex. Domino à Sierre et à Sion).
  • Planifier la construction des logements qui seront nécessaires d’ici 20 à 30 ans, tels que les EMS, lieux de vie spécialisés (par exemple : Agora au home des Crêtes, Loft à Zambotte) et petites unités avec personnel de soins.

Sion, le 15 mars 2007