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p1997.Zuber2Le PaCS part en campagne – Le Nouvelliste, 18 octobre 1997.

Le président du Parti chrétien-social du Valais romand est bien décide à ouvrir une large brèche au centre gauche du PDC cantonal...

Le Parti chrétien-social du Valais romand – le PaCS, comme on l'appelle – c'était un peu comme l'Arlésienne. On en parlait, année après année, sans jamais le voir venir. Il a pourtant fini par être constitué le 12 juin 1997, à Saint-Léonard, et il compte aujourd'hui environ trois cents membres. Pour certains, ce nouveau parti prélude à l'éclatement du PDC. Pour d’autres, il offre une nécessaire alternative au sein de la famille démocrate-chrétienne. Le PaCS, en tout cas, tient farouchement à son indépendance et pose ses conditions, comme nous l'a expliqué son président M. Pierre-Louis Zuber.

Monsieur Pierre-Louis Zuber, pourquoi ce nouveau parti chrétien-social dans le Valais romand? Etiez-vous à ce point mal à l'aise dans le PDC cantonal ?

Historiquement, les chrétiens-sociaux ont toujours été une composante du PDC valaisan. Mais, depuis dix a vingt ans, les gens ayant une sensibilité sociale se sentent de moins en moins pris en compte dans le parti cantonal alors que les options du PDC suisse nous semblent claires. Nous avons souvent eu l’impression que c’était la droite dure qui commandait le PDC valaisan. Et aujourd’hui, lorsque nous parlons fiscalité, domaines sociaux et défense de la famille par exemple, nous avons une approche de la société qui diffère en fait de celle du PDC cantonal. On peut dire que les chrétiens-sociaux forment un parti de centre gauche. Comme parti du centre, le PDC valaisan prend en compte une certaine dimension sociale, mais nous estimons que c'est insuffisant et qu'il est surtout devenu un instrument au service des groupes, des régions, etc.

Le Parti chrétien-social du Valais romand est-il né d’une saute humeur, après l’échec de certains de ses ténors dans la course a la candidature démocrate-chrétienne soit au Conseil national soit au Conseil d’Etat?

Pas du tout. Nous avons constitué en décembre 1996 un groupe de réflexion qui avait pour tâche d'étudier la manière de rendre opérationnelle dans ce canton la politique chrétienne-sociale. Au départ, nous ne savions pas si nous irions vers le mouvement, l'association ou le parti. Mais le groupe de réflexion est rapidement arrivé à la conclusion qu’il fallait se constituer en parti autonome pour ne pas être en quelque sorte à la merci du PDC. Nous voulions en effet cesser de fonctionner sous le système de la délégocratie et engager une véritable démocratie directe où chaque membre puisse dire ce qu’il a sur le cœur. Nous nous sommes donc constitués en parti de membres, avec une assemblée générale souveraine. Le Parti chrétien-social est totalement indépendant et dispose de ses propres statuts.

Vous n'avez pas l'impression de «casser la baraque» PDC ?

Nous voulons certes notre indépendance, mais nous ne voulons pas du tout cracher dans la soupe et nous ne parlons pas de scission. Nous sommes d'ailleurs quasiment tous issus des rangs démocrates-chrétiens et nous sommes en parfait accord avec le PDC suis se. J'ai été moi-même à l'exécutif sierrois en tant qu'élu démocrate-chrétien. Nous avons de mandé notre affiliation au PDC suisse. Tant que nous n'aurons pas de réponse du PDC suisse, nous n'entrerons pas en matière avec le PDC valaisan. Nous voulons d'ailleurs construire notre maison avant d'envisager une collaboration avec le parti cantonal.

Mais envisagez-vous oui ou non une affiliation au PDC cantonal? Quelles sont au fond vos revendications?

Nous pourrons entrer en synergie avec le PDC cantonal s’il fonctionne, à l’avenir comme une véritable fédération d’associations et de partis. Pour ce qui est de l'affiliation, nous avons le choix entre deux modèles: celui des chrétiens-sociaux du Haut-Valais qui sont affiliés au PDC suisse et au PDC valaisan et celui des chrétiens-sociaux d’Obwald qui sont un parti cantonal affilié uniquement au PDC suisse. Si notre rapprochement avec le PDC cantonal échoue, nous n’excluons aucune synergie ou aucun apparentement ailleurs. Dans le cadre de la campagne contre «jeunesse sans drogue», nous avons par exemple organisé des conférences d'information avec les socialistes. Nous allons suivre attentivement l'évolution actuelle du PDC valaisan qui a engagé une petite révolution interne pour voir dans quelle mesure nous pourrons exprimer nos convictions au sein de ce parti et surtout y instrumenter notre politique. C’est à cette condition seulement que nous pourrons envisager une forme d’association avec le PDC cantonal qui sera déterminée plus tard.

En fait, vous voulez obtenir du PDC cantonal un droit à présenter des candidats lors des diverses échéances électorales... Et si la formule du congrès de membres est retenue par la réforme du PDC valaisan, accepteriez-vous par exemple que votre candidat au Conseil d'Etat soit recalé par le vote d'une assemblée de membres?

Nous voulons les mêmes droits que les autres partis au sein du PDC. Nous avons d'ailleurs l'intention de participer aux prochaines élections au Conseil national et au Conseil des Etats en présentant de vraies personnalités, alors que le PDC ne s'est pas toujours préoccupé de cet aspect des choses en sacrifiant à des règles comme le tournus. Toujours est-il que les propositions du groupe de réforme du PDC ne nous satisfont pas car elles ne nous donnent pas l'autonomie que nous revendiquons. Une organisation comme le nouveau PDC devrait en effet mieux tenir compte des volontés de chacun, au sens d'une fédération qui laisserait une très grande liberté à ses partis membres. La formule des apparentements obligatoires nous gène, car il faut que les choses restent négociables. Et puisque vous citez cet exemple, nous n’accepterions pas non plus notre candidat au Conseil d’Etat soit refusé par le Congrès des membres du PDC cantonal. Ce serait un retour à la situation actuelle. Nous pensons en effet que le rôle du PDC cantonal doit être de faire une coordination entre ses composantes, de les mettre en synergie plutôt que de réaliser la politique de l'ensemble de ses membres.

Ne pensez-vous pas que vous véhiculez une image un peu trop syndicale?

Ce sera en effet un défi pour nous de ne pas en rester uniquement à la réflexion syndicale, même si notre parti est historiquement proche des syndicats chrétiens. Il n’y a d’ailleurs qu’un seul syndicaliste dans notre comité formé de neuf personnes. Pour résumer les choses, nous défendons en fait l’économie sociale de marché.

Propos recueillis par Vincent Pellegrini