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MadelineHeinigerJe compte beaucoup sur la mise sur pied d’états généraux souhaités par plusieurs suite à la votation du 11 mars sur les résidences secondaires : quel avenir souhaitons-nous pour la montagne ?

Une première attitude aujourd’hui consiste à repousser à l’extrême les limites imposées par l’initiative Weber. Cette tentative de négocier le texte devrait mener à intensifier ce qui s’est fait ces dernières années tant que cela est possible. C’est à dire dans le court terme. Encore plus comme avant… sauve qui peut !

Une autre attitude, qui, je le souhaite, suscitera la participation de tous, consiste à repenser sérieusement les questions qui gravitent autour de l’initiative. Car si le problème soulevé par l’initiative est dangereusement simplifié au niveau de la proposition (20% de R2 par commune sans aucune distinction), il n’en demeure pas moins qu’il touche à de nombreuses et vastes questions. Elles sont légitimes, il est indispensable de les aborder le plus largement possible aujourd’hui.

Celle du tourisme bien sûr. Le débat entamé en Valais et refroidi par le refus d’une nouvelle loi sur le tourisme doit se poursuivre. Il doit même être boosté par le résultat de la votation du 11 mars. Il se pose à l’échelon de l’économie valaisanne. Il trouve sa concurrence à l’extérieur de nos frontières. Un tourisme de qualité doit donc se réfléchir à une large échelle.

En découle la question de la construction : comment réorienter un secteur qui allait droit dans le mur dans sa dépendance de la multiplication des résidences secondaires qui ont pourri le secteur touristique par le problème actuel des lits froids, ainsi que la vie des travailleurs du tourisme et des enfants du lieu qui ne trouvent plus à se loger en station.

La question de l’environnement, moteur dans l’initiative Franz Weber, apparaît à la fois dans les atouts et les grands défis actuels. L’atout « paysage » comme élément fort de notre tourisme, grignoté par la construction lorsqu’elle n’est pas planifiée et se développe au gré des intérêts privés. Grand défi à gérer entre autres dans l’aménagement du territoire.

Comment agir sur ces problématiques interconnectées et aux enjeux à long terme ? C’est au niveau des instances cantonales que doit se dessiner le paysage touristique et que les défis pourront être relevés. Il est également urgent d’intensifier le travail entrepris autour de l’aménagement du territoire, afin de développer une vision à long terme en phase avec les nouvelles questions liées à l’urbanisation d’un canton de montagnes.

Au niveau communal, nous avons besoin d’une gouvernance : un cadre large qui laisse de l’espace à une interprétation locale et une identité forte, certes, mais dont les contraintes soutiennent un projet durable, qui ne sera pas détourné pour des profits immédiats et peu soucieux de l’intérêt général.

D’où la nécessité d’une large réflexion. Il est terriblement urgent, dans la collectivité valaisanne ainsi qu’au niveau du débat politique, de prendre en compte les voix divergentes du discours majoritaire. Elles reflètent toujours une part de la réalité, voire révèlent ce que la majorité tente d’ignorer. Elles donnent le signal de problématiques qu’il faut prendre en compte. Dans la question qui nous occupe, elles représentent également un lien précieux avec des opinions extérieures qui ont réussi à imposer au Valais un réajustement malheureusement trop partiel.

Madeline Heiniger
Présidente de commune, députée-suppléante