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BernardAttingerLa troisième correction du Rhône est en péril. Elle est contestée par un futur conseiller d’Etat et par différents milieux : politique, économique et agricole.

La plaine du Rhône a déjà été assainie par deux fois. Il fallait bien dompter le fleuve, lui fixer des limites. Cela s’est fait en des temps ou les nécessités écologiques n’étaient pas prises en compte, la nature dominait largement le territoire valaisan. Depuis, la plaine a été largement grignotée par une urbanisation trop étalée, et par des centres commerciaux, grands dévoreurs de sol. Le Rhône, canalisé dans son couloir, a perdu tout caractère naturel et ne sert qu’à l’évacuation de ses eaux.

Un fleuve, ça peut être autre chose : des berges naturelles, des espaces de détente et de loisir, le lieu de reproduction et de conservation de nombreuses espèces et ça peut, en plus, être beau.

Dans un canton, qui prétend attirer des activités économiques, en vantant ses qualités de vie, il est important de sauvegarder et d’améliorer sa nature, aussi dans la plaine.

Le projet, Rhône 3, développé par des groupes de travail intégrant tous les milieux concernés, est une grande chance pour notre canton. Il s’agit de renaturer ce fleuve et sa plaine afin de lui redonner vie.

Il est clair que l’on ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs, il faut donc que les œufs cassés en vaillent la peine. Se limiter à creuser le lit et à rehausser les digues résoudrait peut-être les problèmes de sécurité, mais cela n’apporterait rien d’autre et figerait le canal pour un siècle. On raterait une occasion unique et notre génération, par pingrerie, transmettrait à ses descendants une plaine entièrement stérilisée. Entre le fleuve, rigidifié, l’étalement de zones à bâtir, les centres commerciaux, et les autres besoins des activités économiques, que restera-t-il pour vivre et respirer.

Les espaces agricoles ont déjà été boulotés par cette urbanisation désordonnée et les terres vendues, sans scrupule. L’agriculture de plaine ne pourra être sauvegardée que par un aménagement du territoire plus réfléchi et plus contraignant. Le projet R3 ne doit pas être considéré comme l’ennemi N° 1, au contraire, il peut permettre cette réflexion globale qui, seule, permettra d’aménager notre plaine en tenant compte des nécessités humaines et écologiques.

L’homme fait partie de la nature, il en dépend et ne peut vivre dans un univers stérile.

Bernard Attinger