banner sion 1170x270

HerveRohVoilà la Suisse à nouveau plongée dans le cauchemar d'une disparition d'enfant, avec la petite Ylenia enlevée en plein jour, tout près de son domicile. Cette sordide affaire ravive dans ma mémoire les cas d'autres gamins disparus et deux questions trottent dans ma tête : "Sarah, Loredana, Peter … Ylenia : qu'avons-nous fait ? Que ferons-nous ?" J'ai le regard figé sur les photos de cet enfant de 5 ans, toute de blondeur et d'innocence. Ylenia respirait la joie de vivre et l'insouciance, avant qu'un psychopathe ne croise son chemin. Elle avait l'âge d'une de mes filles. Je le hais, ce type.

Cette triste affaire fait froid dans le dos, parce qu'elle vient rappeler abruptement au papa que je suis, que les enfants ne sont jamais à l'abri de détraqués en liberté. Elle fait aussi bondir de rage le policier que j'ai été, tant elle met en lumière les limites de notre système judiciaire actuel face aux pédophiles et autres délinquants dangereux. On a pu lire dans la presse des commentaires peu élogieux sur la façon dont la police a mené l'affaire. Des journalistes ont mis en cause les choix tactiques, d'autres ont même évoqué des négligences graves, en lien avec la mise en lumière du passé judiciaire du suspect.

Rien n'est jamais parfait, mais la critique me paraît facile. La police, surtout dans une affaire de ce type, fait du mieux qu'elle peut, avec les moyens dont elle dispose et malgré les entraves avec lesquelles elle doit composer. Protection des données et de la sphère privée, proportionnalité des moyens mis en oeuvre… : voilà des garde-fous que le législateur a voulus, mais qu'il faut ensuite assumer lorsque surviennent des affaires telle celle que l'on évoque. Par ailleurs, notre système fédéraliste ne facilite pas la tâche des policiers, mais profite largement aux délinquants.

Et puis, il y a ces malades, condamnés mais libérés, déclarés guéris et prêts à réintégrer la société. On sait pertinemment qu'ils présentent un risque élevé de récidive, mais, néanmoins, plus personne ne s'en préoccupe, une fois leur détention achevée, faute de réglementation claire en la matière. Je demeure interloqué par le cas d'Urs Von Aesch, condamné voilà plus de 40 ans pour une tentative d'enlèvement d'enfant. Détention sans histoire, libération, puis… plus rien, malgré qu'il ait été décrit par les psychiatres comme "un psychopathe infantile" et un "personnage pourri".

Qu'a-t-il fait durant tout ce temps, jusqu'à ce que son nom soit évoqué dans l'affaire Ylenia ? Peut-il entrer en ligne de compte pour d'autres disparitions d'enfants non résolues ? S'agit-il d'un nouveau tueur en série ? Les enquêteurs ont du pain sur la planche et certaines découvertes risquent d'être douloureuses. Je suis intimement convaincu qu'une réforme de notre législation est absolument nécessaire pour contrer le phénomène des pédophiles et délinquants dangereux.

Je propose les mesures suivantes :

  • Définition d'une peine de réclusion minimale, non compressible.
  • Mise en place d'un contrôle judiciaire très strict, après la libération, en utilisant tous les moyens techniques actuels.
  • Castration chimique pour les pédophiles, même si, de l'avis des médecins, elle n'est pas la panacée.
  • Extension du mandat d'Europol, par la création d'une base de données européenne, contenant notamment les empreintes génétiques des délinquants dangereux.
  • Mise sur pied dans des délais très courts, sur le plan national déjà, puis sur le plan européen, d'un plan "alerte enlèvement", sur le modèle opérationnel en France.

Même si ces mesures ne permettront malheureusement pas d'éviter tous les actes de barbarie, elles contribueront néanmoins à compliquer la tâche de ces délinquants et à faciliter l'action de la police.

Hervé Roh
Candidat au Conseil national