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LaGriffeBernard AttingerL’homme est, par nature, assez content de lui. Depuis qu’on lui a mis dans le crâne qu’il était le roi de la création, il pense qu’il peut tout et que sa science le rend infaillible.

Le tribunal cantonal vient de se repencher sur le cas « Cleuson-Dixence » afin de rediscuter des responsabilités de cet accident qui, par bonheur, n’a fait que trois morts et quelques centaines de millions de dégâts.

Il va revoir si c’est la faute aux soudures, au métal ou aux soudeurs, si c’est un problème de direction ou d’exécution des travaux, s’il n’y avait pas confusion des rôles entre le maître d’ouvrage, les entreprises mandatées ou les sous-traitants, s’il y a faute pénale, négligence ou incompétence…

On oublie, peut-être volontairement, que, dans cette affaire, les concepteurs ont tenté le diable. Ils ont tout fait, certains de leurs exceptionnelles compétences, pour réaliser la plus haute chute du monde, le plus gros tuyau, la plus forte pression. De tels efforts n’avaient jamais été cumulés sur un seul objet au point qu’il a fallu rechercher des techniques de soudure, des aciers spéciaux dont la compatibilité avec la technique de mise en œuvre n’avait jamais été vérifiée nulle part.

On aurait pu produire la même énergie soit en coupant la chute en deux par un palier intermédiaire, divisant ainsi aussi la pression par deux, soit en mettant deux tuyaux, plus petits, au lieu d’un, la force exercée sur les parois du tube croît en fonction de son rayon…

Il n’y aurait ni accident, ni mort, ni réparation, ni perte de production, ni jugement mais pas de record non plus !

L’homme est ingénieur, ingénieux, mais quelques fois trop orgueilleux. Là, il a été trop confiant dans ses capacités techniques.

Bernard Attinger