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NorbertZuffereyLes belles promesses de flexibilisation de l’âge de départ à la retraite pour faire passer les centaines de millions de francs d’économies de la dernière révision de l’AVS ont été trahies par les partis de droite. Voilà ce qui est proposé le 16 mai prochain : Economie de 450 millions de francs par l’élévation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans (là, on se réclame de l’égalité !). Economie de 250 millions de francs par la réduction des rentes de veuves. Economie de 150 millions de francs par l’adaptation des rentes au renchérissement chaque trois ans au lieu de tous les deux ans.

Il s’agit donc d’une réduction drastique des prestations de l’AVS, qui débouche sur un démantèlement social de 850 millions de francs, surtout au détriment des femmes, pour qui le relèvement de l’âge de la retraite n’est pas contre-balancé par une flexibilisation de ce dernier. En outre, il ne faut pas perdre de vue que cette suppression de rentes est également une non-distribution de pouvoir d’achat et donc une absence de consommation, ce qui n’est pas non plus dans l’intérêt de l’économie.

L’AVS est le pivot de la solidarité suisse et les mesures proposées, au moment où l’on fait des cadeaux déplacés dans le cadre du « paquet fiscal » mal ficelé, sont une atteinte évidente aux fondements-mêmes de la sécurité sociale de notre pays.

La réduction des prestations ne cesse d’être invoquée comme une nécessité pour assurer le financement à long terme du système, et ce en référence à l’évolution démographique (de moins en moins de cotisants/de plus en plus de rentiers). Cependant, avec un peu de recul, on s’aperçoit qu’il en est ainsi depuis l’introduction de l’AVS. Ce qui est décisif pour le financement de l’AVS, ce n’est pas forcément le nombre de cotisants, mais bien plutôt la masse salariale sur la base de laquelle sont payées les cotisations. Ainsi, si notamment davantage de femmes travaillent, si la croissance économique est au rendez-vous ou si les salaires augmentent, le financement de l’AVS est assuré à long terme.

Avec ce projet de révision, la flexibilisation de l’âge de départ à la retraite sera un privilège réservé à ceux qui gagnent très bien leur vie. Quiconque n’est pas dans ce cas ne pourra tout simplement pas se permettre de prendre une retraite anticipée, dans la mesure où la majorité de droite du Parlement a refusé une compensation financière de la flexibilité pour les bas revenus. Les mêmes milieux défendent une augmentation de l’âge de la retraite, mais sans apporter une réponse à la question suivante : quelle entreprise serait d’accord de conserver du personnel âgé de 67 ans ?

Pour toutes ces raisons, je dirai NON à la 11ème révision de l’AVS !

Norbert Zufferey, président du Parti Chrétien-Social
Mars 2004