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HerveRohAinsi donc a-t-il fallu attendre le 21ème siècle pour que dame Helvétie donne naissance à de géniaux fabulistes, dignes des Frères Grimm. Mais que serait le talent sans la générosité de mécènes, soucieux du bien public, qui lui permettent d'éclore au grand jour ?

Quel sublime délice, pour nos chères têtes blondes, que de redécouvrir l'histoire on ne peut plus actuelle de Blanche-Neige pleurant la fuite des capitaux ou celle, non moins tragique, de trois petits cochons insouciants,  dont le grand méchant loup s'acharne à détruire la maison ! Quelle leçon de morale pour ces parents avides de prestations sociales, que de se sentir glacer les sangs par le regard terrifié du Petit Chaperon Rouge et de Mère-Grand, impunément menacées par un horrible loup, étranger qui plus est ! Ah, la vilaine bête…

Je propose une autre lecture de ces contes, bien plus proche des réalités que semble ignorer ce comité romand qui se drape scandaleusement dans la virginité du slogan "Sauvegardons nos systèmes d'allocations familiales". 

Et si ce loup aux griffes acérées et aux dents longues, qui détrousse une enfant et une vieille femme sans défense, était l'un de ces grands patrons que le néo-libéralisme a créé, qui s'octroie, depuis quelques années, des rémunérations que l'on ose à peine évoquer, tant elles sont indécentes ? Et s'il l'on devinait, sous les traits de Blanche-Neige en larmes, la mère de famille, qui doit compter au franc près pour élever ses enfants, et pour qui quelques dizaines de francs mensuels permettrait d'améliorer le quotidien ? Et si l'animal qui s'emploie à détruire ce que d'autres ont patiemment bâti était de ceux dont l'action politique ne vise qu'à démanteler les acquis sociaux et la protection sociale ?

M'est d'avis, comme on disait au temps des Frères Grimm, que certains loups, qui rôdent et hurlent dans nos contrées,  sont bien plus dangereux que leurs congénères à quatre pattes venus des Abruzzes. Et ceux-là n'ont rien à craindre des disciples de Saint-Hubert… Quant à l'affreuse sorcière, elle a usé de ses pouvoirs magiques pour dissimuler sa face hideuse sous les traits lisses de quelque politicienne sans scrupules et manipulatrice, prête à tout pour nous faire croquer sa pomme maléfique.

La morale de cette histoire, c'est que les fossoyeurs des assurances sociales ne sont pas ceux que ce comité de salut public voue à la vindicte populaire. Au Diable les fabulistes sans lendemain et glissons un OUI dans l'urne le 26 novembre.

Hervé Roh, Parti Chrétien-social
Novembre 2006