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Franc fort - Centre Gauche-PCS présente deux pistes pour valoriser les devises étrangères de la BNS 

CG PCS VrLa question du franc fort est trop importante pour en faire un terrain de luttes idéologiques. Centre Gauche-PCS (CG-PCS) veut trouver des solutions pragmatiques et non idéologiques pour transformer une situation a priori négative en une opportunité d’investissement. CG-PCS contribue ainsi au débat de fond en mettant en avant deux propositions, formulées par des experts, afin de valoriser intelligemment les devises étrangères amassées par la Banque Nationale Suisse (BNS) pour lutter contre le franc fort. 

CG-PCS relève d’abord la possibilité pour la Suisse de créer un fonds souverain avec une partie des réserves en devises étrangères. L’idée de ce fonds relève d’un mécanisme assez simple : en vendant massivement des francs sur le marché, la BNS peut acheter en contrepartie des devises étrangères à un très bon prix. Avec une plus grande disponibilité du franc suisse sur le marché international, notre monnaie devrait alors perdre mécaniquement de sa valeur. Avec un franc moins fort, la compétitivité de notre économie d’exportation s’améliorerait, générant ainsi des emplois. Enfin, lorsque les devises étrangères auront gagné de la valeur face au franc, nous pourrons alors les revendre à un meilleur prix. En les vendant au bon moment, la BNS réaliserait donc potentiellement de gros bénéfices qu’elle pourrait réinvestir dans des secteurs importants de notre économie. Evidemment, cette solution comporte des risques, notamment de pertes à court et moyen termes en cas de baisse durable de l’euro ou du dollar. 

Face à ce risque, CG-PCS met en avant une deuxième piste. Avec ces fonds en devises étrangères, essentiels pour faire baisser la valeur du franc suisse, il serait possible de diviser nos réserves en deux parties. La première, pour environ 300 milliards de francs, pourrait être convertie en obligations souveraines (dettes des Etats) et en or, soit des investissements sûrs à long terme. Une deuxième partie serait quant à elle investie dans des actifs réels, c’est-à-dire dans des actions de sociétés, des investissements dans des infrastructures ou encore en participant au capital d’entreprises non cotées en bourse mais avec un fort potentiel de développement. Cela permettrait d’investir intelligemment une partie de cet argent afin de développer des secteurs stratégiques pour l’avenir économique suisse. Cette stratégie d’investissements en actifs réels constituerait tout de même un changement important dans la philosophie de gestion de la BNS. Elle devrait ainsi passer d’une gestion d’actifs actuellement plutôt passive ou indicielle à une gestion beaucoup plus active. 

Quelle que soit la solution, une certitude demeure : il faut voir la fin du taux plancher et les devises étrangères comme une occasion d’investissement dans des secteurs économiques stratégiques et à haut potentiel, non comme une fatalité. 

CG-PCS est aussi favorable à une réflexion de fond sur le statut de la BNS, seule institution suisse qui ne connaisse actuellement aucun contre-pouvoir. Il n’est pas question de remettre en cause l’autonomie de la BNS dans la politique monétaire de notre pays, mais l’arrêt brutal du taux plancher, avec ses conséquences sur l'économie et l'emploi, soulève la question de la nécessité d’un minimum de consultation et de coordination entre la BNS et le Conseil fédéral. 

Marie-Paul Bender, Michaël Siggen, Jonathan Darbellay et Raymond Borgeat
Sion, le 8 septembre 2015