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La dernière ligne droite avant la votation du 25 septembre est engagée. La campagne sur l’extension de la libre circulation des personnes bat son plein.

Vous le savez, en fonction de la fameuse clause dite de la guillotine, en cas de refus suisse, l’Union européenne risque de dénoncer l’ensemble des Accords bilatéraux négociés avec notre pays. Les enjeux sont donc énormes pour la Suisse.

A l’initiative du PCS, il a donc semblé essentiel aux présidents des partis politiques du Valais romand de donner un signal fort à la population à l’occasion de cette campagne.

Seul le PDC Vr, par son président, a décliné cette proposition, pour des raisons en partie obscures (présence dans un autre comité). Les enjeux soulevés par cette votation méritaient mieux que cette réponse, qui suscite l’incompréhension des cinq autres présidents de partis.

Ci-dessous, se trouvent les interventions de ces responsables de partis lors de la conférence de presse du 15 septembre 2005 à Sion.

Léonard Bender, président du PRDVs
Jean-Henri Dumont, président du PSVr
Pierre-Christian de Roten, président du PLVs
Marylène Volpi, députée des Verts
Norbert Zufferey, président du PCS


PSVR : Extension de la libre circulation des personnes

Le PSVR dit un OUI de gauche, de raison et de conviction à l’extension de la libre circulation des personnes aux nouveaux pays membres de l’Union européenne (UE) :

•     OUI à une Suisse plus ouverte et des perspectives nouvelles. La construction d’une Europe en paix, stable et démocratique est bénéfique pour la Suisse. La libre circulation des personnes ouvre des perspectives pour les jeunes, pour les travailleuses et travailleurs comme pour les retraités, qui peuvent étudier, faire des stages, travailler, voyager et s’installer plus facilement dans un pays membre.

•     OUI à de nouvelles places de travail. Les nouveaux pays membres de l’UE représentent un marché en croissance et une grande opportunité pour notre économie, avec des effets positifs sur le maintien et le développement des places de travail, particulièrement pour l’économie d’exportation. L’influence sera globalement positive pour l’ensemble de l’économie suisse et la croissance économique nécessaire à un Etat social fort. Les opposants font peur en multipliant les arguments trompeurs : on conduirait nos assurances sociales à la ruine. Les recettes des assurances sociales dépendent des salaires et ceux-ci de la croissance économique. Pour toucher l’assurance-chômage, il faut d’abord y avoir cotisé pendant une année au moins. Il n’y a donc aucune raison de craindre un « tourisme du chômage ».

•     OUI à une meilleure protection des travailleuses et travailleurs aux conditions suisses. Les risques de dumping salarial et de chômage existent. Les travailleuses et travailleurs sont  à juste titre insécurisés par les effets pervers de la mondialisation et de la flexibilisation du travail, indépendamment des accords bilatéraux. La suppression des 110 emplois à Alcan a été décidée au Canada et n’a rien à voir avec la libre circulation des personnes. Face à ces risques, le PS, la gauche et les syndicats ont obtenu plus qu’ils n’ont jamais obtenu pour la protection des travailleuses et travailleurs par un renforcement significatif des mesures d’accompagnement, avec notamment l’augmentation des contrôles et l’extension des conventions collectives et des contrats types de travail, avec salaire minimum. L’entrée en vigueur progressive et les mesures transitoires de contingentements permettront une adaptation en douceur. Le PS s’engage à se battre avec les syndicats pour faire appliquer et développer ces mesures d’accompagnement acceptées par les milieux économiques. Les tenants UDC du Non nationaliste ont lutté contre toutes les mesures d’accompagnement et contre la loi contre le travail au noir. Ils ne protègent pas les travailleuses et travailleurs.

•     OUI car un non serait un autogoal magistral. 67% des Suissesses et des Suisses ont dit OUI aux bilatérales I en 2000. Un NON mettrait en péril l’ensemble des accords bilatéraux ainsi que la croissance et l’emploi en Suisse. Les nouvelles mesures d’accompagnement et de protection des travailleuses et des travailleurs ne s’appliqueraient pas. Les patrons qui contournent les loi, les Fattebert et autres …, pourraient continuer à employer des travailleurs étrangers illégaux à des salaires et des conditions indécentes, quasiment dans l’indifférence et l’impunité, sans payer leur dû aux assurances sociales qu’ils prétendent vouloir protéger.

Jean-Henri Dumont, président du PSVr


 

Extension des mesures d’accompagnement

Etendre la libre circulation des personnes aux nouveaux pays de l’UE revient à lutter contre la discrimination des travailleuses et travailleurs des ressortissants de l’UE. Mais lutter contre la discrimination n’entraîne pas un nomadisme permanent ou un déplacement obligatoire. De même qu’un Vaudois ne va pas travailler à Zoug parce que l’imposition fiscale et le taux de chômage y sont inférieurs, ni un Jurassien à Zurich parce que les salaires y sont plus élevés, la libre circulation des personnes, en vigueur depuis le 1er juin 2002 avec les Quinze de l’UE n’a provoqué aucun afflux de travailleurs vers notre pays. 

Pour éviter un dumping salarial, les mesures d’accompagnement, entrées en vigueur le 1er juin 2004, se sont révélées utiles et nécessaires pour limiter les infractions (moins de 6% sur 14'000 personnes concernées). Ces mesures d’accompagnement (loi et ordonnance sur les travailleurs détachés, institution de commissions tripartites pour surveiller le marché et proposer des sanctions) obligent les entreprises étrangères qui emploient des travailleurs en Suisse à respecter nos conditions de travail. Les sanctions en cas d’abus manifeste concerne l’extension des conventions collectives de travail (CCT) facilitée, et la fixation de salaires minimaux par contrats-type de travail. 

Avec l’extension de la libre circulation des personnes aux nouveaux pays membres de l’UE, la Confédération renforce aussi et surtout les mesures d’accompagnement en engageant un nombre suffisant  d’inspecteurs du travail, en renforçant la loi sur les travailleurs détachés, en obligeant les employeurs à informer les travailleurs sur les conditions de travail (contrat, salaire, temps de travail), en étendant le nombre de dispositions des CCT applicables aux travailleurs temporaires et en renforçant les sanctions (sanctions plus lourdes et simplification de la procédure d’extension des CCT). 

Un OUI à l’extension de la libre circulation des personnes aux nouveaux pays membres de l’UE, c’est dire OUI au renforcement des mesures d’accompagnement au bénéfice de toutes les travailleuses et tous les travailleurs, étrangers et suisses. Un OUI permet de lutter contre le travail au noir et la pression sur les salaires. 

Grégoire Raboud, président des Verts


 

Flux migratoires : « L’homme est le bagage le plus difficile à transporter ! »

Cette citation d’Adam Smith, père de l’économie libérale, tirée de son ouvrage, « La richesse des nations », revêt tout son sens, à la veille de la votation du 25 septembre sur la libre circulation. Surtout que partisans et adversaires de cet accord divergent sensiblement quant aux conséquences d’un Oui.

Du côté des opposants, un Oui entraînerait une immigration massive, l’envahissement de notre pays, avec comme effet un appauvrissement des Suisses. Du côté des partisans de l’extension, un Oui ne déboucherait pas sur de grands déplacements de population, mais fournirait à notre place économique un apport bienvenu de main d’œuvre, favorable à la croissance et donc à l’emploi.

Comment départager les deux camps ? S’agissant de l’avenir, on ne peut, par définition, qu’émettre des hypothèses, qui doivent prendre en compte les expériences passées et présentes et les effets des mesures nouvelles arrêtées. A cette aune, force est de constater, que les partisans du Oui ont l’avantage. En effet, l’observation du marché du travail en Europe, ces dernières décennies, montre qu’il n’y a pas eu de migrations massives, en dépit des grandes différences de niveaux de vie. L’on doit, dès lors, admettre que l’écart de pouvoir d’achat n’est pas le seul critère qui détermine la décision, individuelle, de quitter sa patrie pour tenter ailleurs sa chance. La distance, les facteurs culturels, la langue, la pyramide des âges, les perspectives économiques pèsent de tout leur poids dans la balance, à l’heure du choix.

La Suède (9 millions d’habitants), qui ne connaît aucune mesure restrictive, n’a enregistré que 2425 ressortissants de l’Est en une année. La Finlande, qui redoutait une « invasion » venue de sa voisine estonienne, en compte seulement 1692 ! Au Luxembourg, les personnes, originaires des nouveaux pays de l’Est, ayant trouvé un travail dans le Grand-Duché, étaient au nombre de 542. La démonstration est donc faite que l’observation d’Adam Smith (1723-1790) reste pertinente !

Léonard Bender, président du PRD