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NorbertZuffereyL’image avait frappé : des citoyens suisses refusant d’accorder la naturalisation à des personnes avec des noms « pas bien d’chez nous » mais souhaitant franchir le pas.

Notre politique des étrangers est influencée depuis les années 70 par la peur d’une prétendue sur-occupation du pays par les étrangers. Tout en ayant à constater des besoins réels de main-d’œuvre dans certains secteurs économiques, nos autorités ont toujours refusé d’en tirer les conséquences en matière d’accueil des étrangers. Cette hypocrisie se manifeste dans le fait que les autorités ont même cautionné tacitement cette venue de ressortissants étrangers, en acceptant que l’on assure, scolarise et hospitalise ces derniers sans égard à leur situation juridique, ce qui était éthiquement parfaitement justifié.

Vouloir limiter l’immigration à des personnes à hautes qualifications professionnelles n’est pas soutenable. Sans angélisme, il y a lieu de modifier complètement notre approche de l’immigration et nos conceptions. Ce virage, évidemment difficile à prendre, nécessitera du temps, de l’énergie et de la conviction, puisque le réalisme politique commande en effet de voir que le consensus sera extrêmement difficile à trouver.

A plus court terme, il s’agit de développer davantage les mesures pour intégrer les étrangers : simplifier la procédure de naturalisation, qui doit être gratuite sur la base d’une démarche volontaire, faciliter l’accès à la nationalité suisse pour la deuxième génération des enfants d’immigrés nés ici, accorder le droit de vote et d’éligibilité au niveau local, ou encore mettre sur pied des cours pour apprendre les langues du pays, son histoire, ses coutumes et son système politique.

En cette période où la population connaît un sentiment diffus de peur, il faut rappeler que la présence de communautés étrangères constitue un enrichissement incontestable et inestimable pour notre développement économique, culturel et démographique. Ainsi, il doit être possible d’aimer son canton et son pays, et de ne pas oublier que ces étrangers ont contribué de manière essentielle à la construction et à la prospérité de notre pays, qui fut d’ailleurs aussi une terre d’où des milliers d’Helvètes ont dû partir pour chercher du travail sous d’autres latitudes.

Un souvenir enfin, un sketch de Fernand Reynaud. Les habitants d’un village ont fait fuir le seul étranger, ils disaient « Il vient manger le pain des Français ». Depuis, il n’y a plus de pain, il était boulanger…

Norbert Zufferey, Président du PCS-VS
Avril 2003