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MarieThereseBrembillaNDepuis 1945 deux millions de personnes ont immigré en Suisse. Sans la migration, la population compterait actuellement 5,2 millions d’individus au lieu des 7,2 actuels.

Jusqu’à la crise du pétrole des années 70, les migrants provenaient du Sud de l’Europe et cherchaient un travail dans une Suisse en plein essor économique. La ségrégation spatiale relativement faible dans les centres urbains et le rôle intégrateur du système éducatif ont permis une intégration assez bonne. Toutefois, le système des autorisations de travail limitées dans le temps (statut saisonniers, aboli avec l’entrée en vigueur des accords bilatéraux entre la CH et l’UE) a favorisé une ségrégation des ces travailleurs en influençant le comportement et les opinions aussi bien des migrants que de la population indigène. Cette ségrégation pourrait-elle se reporter sur les immigrés extra-européens ?

L’hétérogénéité culturelle de la population s’est fortement accrue durant les quinze dernières années. La chute du mur de Berlin représente une date charnière de  nouvelles articulations politiques et économiques au niveau mondial. La mondialisation met en rapport de plus en plus étroit l’Occident et les cultures considérées pendant longtemps comme « lointaines ».

Ce phénomène nous confronte inéluctablement à une réflexion sur les enjeux d’une société en transformation et  notre capacité d’agir ensemble sur le cours des choses. Telle devrait être, à mon sens,  la vocation d’une politique d’intégration constructive visant à favoriser un processus dynamique de réciprocité basé sur des critères d’égalité et de respect de la différence.

Ce processus complexe devrait  prendre en compte, d’une part, la résistance légitime contre l’oppression de l’uniformisation et, d’autre part, les limites à poser contre l’exacerbation des particularismes qui risquent de mettre en cause le « vivre ensemble » basé sur des valeurs démocratiques et laïques.

C’est dans ce sens que l’Etat du Valais a élaboré le concept d’intégration des étrangers entré en vigueur en janvier 2005. 

La Commune de Sierre suit l’exemple de Sion et décide de créer une commission d’intégration. A Sierre les migrants, environ une centaine de nationalités différentes,  représentent actuellement  le 27.9 % de la population (19,15 % établis, 5,19 % annuels, 2,06 % temporaires, 1,5 % requérants d’asile).

Une perspective politique d’intégration constructive devrait permettre, comme le formule Edgar Morin : « que l’unité disparaisse quand les diversités apparaissent, que les diversités disparaissent quand l’unité apparaît ».

Marie Thérèse Brembilla
Mars 2006