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MadelineHeinigerL’initiative populaire « contre la construction de minarets » soumise au vote le 29 novembre prochain souhaite insérer à l’article 72 de la Constitution un alinéa interdisant la construction de tout nouveau minaret en Suisse, sans exception possible.

Le PCS Suisse s’est positionné contre cette initiative avec les arguments suivants :

Il souhaite le maintien de la paix religieuse en Suisse, une cohabitation sans heurts des différentes communautés religieuses. Il tient à poser un signe clair contre toute forme de discrimination.

Plusieurs raisons conduisent à voter contre cette initiative :

  • La liberté de religion et l’interdiction de la discrimination sont inscrites dans la Constitution suisse : la construction de minaret entre dans le droit de manifester la religion musulmane et fait partie intégrante de la liberté religieuse. De plus, en visant spécifiquement une communauté religieuse par cette interdiction, la Suisse violerait le principe de non-discrimination. Cette disposition irait également à l’encontre des conventions internationales qui lient la Suisse et pourrait conduire à une condamnation de celle-ci devant la Cour européenne des droits humains.
  • La législation sur l’aménagement du territoire comme le droit cantonal et communal sur les constructions sont suffisants pour contrôler la construction de futurs minarets, ainsi que les dispositions relatives aux nuisances sonores (loi sur la protection de l’environnement) concernant l’appel à la prière.

Dans cette initiative, le minaret est un prétexte. En l’interprétant comme une « prétention à la domination politico-religieuse », les initiants se placent sur un terrain de conflit de pouvoir religieux et mettent en jeu la place de l’islam. Les divers commentaires favorables à l’initiative tentent également un amalgame entre l’immigration, la violence et l’islam. Cette initiative risque donc d’aliéner la population musulmane de Suisse sans faire reculer l’islam radical visé.

Afin de nous placer en amont du débat plutôt qu’en réaction aux provocations répétées de l’UDC à travers ses affiches de propagande xénophobe, nous proposons :

  • De continuer à soutenir toutes les mesures pouvant contribuer à l’intégration de la communauté musulmane ou d’autres minorités religieuses, étant entendu qu’intégrer ne signifie pas « assimiler », mais permettre de combiner la culture du pays hôte et la culture d’origine.
  • De favoriser le dialogue inter-religieux, une meilleure connaissance de la communauté musulmane de Suisse, ainsi que l’éducation au respect des droits humains.

Le débat engendré par l’initiative anti-minarets aura au moins permis d’exprimer des arguments nuancés et d’alimenter à quelques reprises un dialogue bienvenu avec la communauté musulmane de Suisse. Nous attendons encore un nonprononcé clairement, dans les urnes le 29 novembre.

Madeline Heiniger
Octobre 2009