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Madeline Heiniger

L’humain au centre, notre slogan questionné par la réalité climatique

Lors d’une soirée de campagne cet été, Nora*, 18 ans, m’interpelle : Ok, j’ai énoncé mes gestes personnels en faveur du climat, mais cela ne suffit pas ! Quels seront mes engagements politiques si je suis élue ? Et dans quelle mesure cela sera une priorité ?

Autre rencontre, où l’on aborde les futures élections. Pierre*, la cinquantaine, se montre très sceptique : « Ils nous bassinent avec leur changement climatique, on entend plus que ça, moi j’y crois pas. Et de toute façon, si une partie de la population disparaît, ce sera une régulation naturelle, ça ne me gêne pas. » Cynique, mais sans doute pas le seul à penser ainsi.

Puis ce matin, la voix d’Aurélien Barrau, astrophysicien français, à la radio (RTS, Tout un monde, 4 octobre) : « Nous parlons d’une crise qui a déjà eu lieu. Nous avons perdu 60% des êtres vivants sauvages dans les 40 dernières années. Nous ne pouvons pas être optimistes : un désastre est en cours, ça s’est passé. (…) On sait très bien ce qu’il faudrait faire : il faudrait abandonner notre prédation consumériste. »

Je suis de celles et ceux qui s’inquiètent de l’état de la planète. Ce que je lis, ce que j’entends, les conférences auxquelles j’ai assisté me font penser qu’il y a urgence à réagir face à la perte de biodiversité ou aux rapides perturbations climatiques. J’ai de l’estime pour les lanceurs d’alerte, pour les jeunes qui se mobilisent et celle qui les représente, Greta Thunberg. Face à l’ampleur des défis, leur voix exige l’action de celles et ceux qui dirigent.

Passer à l’action, politique ou citoyenne

Le monde politique avance comme un lourd paquebot qui doit changer de cap. Taxes sur l’énergie fossile en discussion, plan climat, décroissance ou pas, innovation technologique, plan Marshall, consommation locale… les divers partis sont à la manoeuvre.

La population consciente du problème va donc jouer un rôle important pour accompagner les changements nécessaires. Par des engagements citoyens, mais également des votations décisives. Pour effectuer cette transition, il est possible qu’il faille revisiter nos valeurs et changer de paradigmes. L’être humain au centre ? Nous devons nous inscrire avec davantage de modestie dans l’environnement dont nous dépendons. Mais nous gardons notre préoccupation des personnes dans la crise environnementale que nous traversons.

 * Prénoms d’emprunt