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Emilie DupuisMalades ou pas, telle est la question

A la fin du mois de novembre, la course pour la couverture de santé la moins chère fait rage. Ce système édifié afin de maintenir une concurrence entre les caisses et donc des coûts bas n’arrive pourtant pas à contenir la hausse des primes qui, ce n’est pas un scoop, continue encore et encore leur ascension. A quand le sommet de l’Everest ?

Depuis plusieurs années, nos politiciens tentent de comprendre pour trouver une solution au niveau des salaires des hauts dirigeants, du système de caisses pluriel ou des subventions pour les familles à bas revenu. Pourtant, rien ne convainc suffisamment pour « passer ». Peut-être que la solution n’a pas été soulevée.

Car oui, il y a effectivement certains praticiens et patients qui abusent. En tant que physiothérapeute, j’en connais des histoires de collègues qui posent le patient sur un vélo et s’occupe d’un autre en même temps, ou alors de ces patients qui se couchent sur la table pour un massage avant que l’on ait eu le temps de lire l’ordonnance médicale. Mais est-ce en tapant sur les quelques mal élevés du système ou en rasant de quelques centaines de francs certains salaires que l’on comblera le découvert colossal que laisse notre santé chaque année ?

Il est clair que la réponse n’est pas unique. Des contrôles renforcés, un remaniement du système hospitalier et ambulatoire, une baisse des coûts des médicaments ou encore une simplification du système de caisses pourraient très certainement aider. Mais peut-être que les coûts augmentent aussi parce que les gens sont simplement plus malades.

Ils sont malades parce que leur rythme de vie est rempli de stress.

Ils sont malades parce qu’ils ont des problèmes qu’on n’écoute pas ou qu’ils ne peuvent pas exprimer.

Ils sont malades parce que leur hygiène de vie est mauvaise.

En tant que professionnelle, le 50% de mes patients reflètent ces aspects : des accidents qui sont dû à de la fatigue ou une personne pressée, une attaque cardiaque ou cérébrale qui arrive juste au début de la retraite car il y a simplement « tout qui lâche », un cancer parce que…. on ne sait pas mais les cancers ont explosé en suivant la courbe du PIB, etc.

Pour influer sur ces maux-là, il faut investir dans un contexte socio-économique global favorable au bien-être : inciter l’acception de diminution de pourcentage de travail, introduire une garde parentale après une naissance, assurer une alimentation saine et non transformée, garder l’âge de la retraite stable, assurer l’égalité, investir dans plus de prévention, et j’en passe. Malheureusement sur bien des sujets de ce goût-là, la droite compte ses petits sous et oublie que si on ne sème rien, on ne récolte pas grand-chose non plus.

La santé, c’est comme le système économique : il faut investir sinon au bout du compte, vous vous portez bien mais vous êtes quand même perdant.