Imprimer

Alexandre LoretanLe crime d’être un jeune pessimiste

Il semble exister au sein de la sphère politique une attitude schizophrénique par rapport à la jeunesse. On aime proclamer des longs discours d’amour envers la jeunesse qu’on courtise avec une frénésie presque maladive. On vous dit : intéressez-vous à la politique ! Rejoignez nos partis ! Mais en même temps, on conspue quand en tant que jeune vous osez porter un regard trop critique sur certaines choses. 

Il m’est ainsi arrivé dans le cadre d’une rencontre politique d’avoir osé le grand crime de suggérer que nous avions en Valais un problème de corruption. J’en ai eu le plaisir de voir que cette déclaration fut considérée comme choquante. J’aurais pu traiter mon canton de pays du Tiers-monde, je doute que j’aurais causé davantage de stupeur devant les assemblés. On me fit bien de remarques et de critiques. Et toutes celles-ci étaient de bonne guerre. Oui, on a le droit de considérer mes propos comme malhabiles ou insultants. Je respecte pleinement qu’on soit en désaccord avec moi et qu’on puisse me considérer comme stupide. Je rassure tout le monde. Je pense la même chose de beaucoup de politiciens valaisans. 

Toutefois, ce qui me semble être inadmissible, fut l’attitude d’une politicienne qui me suggéra, non que mes propos soient erronés, mais qu’en tant que jeune, je devrais être positif et sourire. Ainsi donc, mon statut de jeune exigerait de moi de me doter d’une naïveté sur le monde, de voir tout en rose et de suivre bêtement les paroles des anciens ? Non, être jeune, ce n’est pas être positif. Je considère que nous devons tous avoir une attitude critique et oser nous poser des questions. Oui, on peut être pessimiste à tout âge. On a le droit quand on a moins de trente ans de se poser des questions sur les maux de notre société. 

Je suis citoyen de l’Union européenne, mais je critique l’Union de manière véhémente. Pourquoi donc je devrais me retenir de critiquer mon canton ? J’aime ma terre natale et c’est car j’ai un profond attachement à mes racines que je suis critique envers le bon vieux pays et que j’aspire à ce qu’il soit meilleur. C’est pour cela que je ne suis ni positif ni souriant. J’aime trop mes deux patries pour ne pas vouloir dénoncer les maux qui les gangrène.