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DenyseBetchov2Libre opinion : réponse au Nouvelliste du 12.04.16

L’article paru dans le Nouvelliste du mardi 12.04.16 concernant la révision de la loi sur la procréation médicalement assistée (PMA) est fondamentalement biaisé. On souligne le fait que le Conseil fédéral, en présentant ses arguments, aurait évité le sujet sensible, le vrai cœur du débat, soit à dire le dépistage possible de la trisomie 21. Cette affirmation, soulignée par le choix du titre, donne une importance majeure à la crainte d’être discriminés qu’ont exprimée les organisations de personnes handicapées. La présentation de cette nouvelle loi s’en trouve déséquilibrée, ses avantages étant passés sous silence.

Nous souhaitons évoquer plusieurs éléments :

1) Dans la nouvelle loi, seuls les couples stériles ou porteurs d’une maladie héréditaire grave peuvent bénéficier de la PMA et du diagnostic préimplantatoire (DPI), soit une petite minorité de couples. Sur 80'000 naissances par an en Suisse, seules 2’000 environ sont rendues possibles grâce à la PMA.

2) Le risque de trisomie 21 dépend de l’âge de la mère. Il n’est que de 0.1% à 30 ans mais atteint 1% à 40 ans. Un test de trisomie n’est donc indiqué que pour une faible partie des 6'000 tentatives de PMA. Mais il permet d’éliminer des embryons non viables, tels que des trisomies 13 et 18, et donc augmente l’efficacité de la PMA. Si l’on considère de plus que le DPI comme la PMA ne seront pas remboursés par l’assurance de base, on peut conclure que le nombre de tests génétiques ne sera pas très élevé. (Le Temps du 12.04.16 parle de 5'000 à 15'000 Fr pour le DPI, en plus de 5'000 à 10'000 Fr par cycle de PMA). Est-ce vraiment là le cœur du débat ?

3) Depuis l’autorisation en 2004 du diagnostic prénatal (DPN) dès la 11ème semaine de grossesse, les dépistages de trisomie 21 se font tous les jours et sont de loin plus nombreux – autre fait passé sous silence. En cas de test positif, le choix est laissé aux parents de continuer la grossesse ou non. Depuis cette libéralisation, on n’a pas constaté de hausse de discrimination envers les personnes handicapées. Au contraire, les personnes handicapées sont remarquablement bien acceptées dans notre société, quoiqu’il reste beaucoup à faire pour leur assurer une meilleure intégration et faciliter leur existence.

Finalement, il nous semble malvenu d’éluder la question fondamentale : le respect des valeurs et la liberté de choix de chaque personne. La loi suisse doit reconnaître cette liberté de choix aux couples qui ne peuvent concevoir qu’avec l’aide de la médecine, y compris le diagnostic préimplantatoire.

Loin de toucher beaucoup de monde, le DPI ne concerne que les couples qui empruntent par la PMA un long et lourd parcours pour réaliser leur désir d’enfant. Est-ce logique de leur refuser un test pouvant se faire avant la grossesse, alors qu’il est autorisé après 11 semaines de gestation? Voulons-nous vraiment leur imposer des grossesses multiples et à risque, alors que la médecine peut leur épargner ces souffrances?

Nous votons « Oui » à la nouvelle LPMA et au DPI.

Denyse Betchov Gabioud , Eliane Launaz Perrin, Maryline Morard, Sonia Z’graggen-Salamin, Sarah Sabatier Alder

Sion, le 13.04.16